15 dollars. Et pourquoi pas 16? Et pourquoi pas 20, d'ailleurs? | Sharon McCutcheon via Unsplash
15 dollars. Et pourquoi pas 16? Et pourquoi pas 20, d'ailleurs? | Sharon McCutcheon via Unsplash

15 dollars: Jeff Bezos lance la guerre des salaires minimums

Le patron d'Amazon met ses concurrents au défi d'augmenter leurs salaires minimums. Le plus gros d'entre eux lui répond de manière cinglante.

Dans une entreprise dont les conditions de travail sont connues pour être quelque peu difficiles, pour ne pas dire absolument intolérables, l'annonce de Jeff Bezos en 2018 qu'il allait augmenter les salaires minimums versés aux salarié·es d'Amazon avait été, malgré quelques hoquets imprévus, la bienvenue. Notamment chez celles et ceux, des milliers, qui malgré leur labeur dur et usant dépendaient des «food stamps» du gouvernement fédéral pour survivre.

Le défi de Jeff Bezos

Drappé de cette nouvelle aura sociale qu'il est sans doute le seul à fantasmer, Jeff Bezos va désormais plus loin: dans une lettre ouverte destinée aux actionnaires d'Amazon, l'Américain met au défi ses concurrents de faire mieux.

Bezos explique d'abord que la hausse à 15 dollars (13,25 euros) du salaire horaire minimal pour les employé·es d'Amazon –il est de 7,25 dollars (6,4 euros) au niveau fédéral mais peut-être plus élevé dans certains États– est d'abord un bénéfice pour la société et ses centaines de milliers d'«Amazonians», contractuel·les et intérimaires.

Il écrit ensuite que les bénéfices attendus à terme par l'entreprise n'étaient pas ce qui a pesé dans la décision de l'augmentation: «Nous l'avons fait parce qu'il nous semblait que c'était une chose juste», explique le wannabe Philippe Poutou. Puis, stylo dans une main et l'autre sur le cœur, il se permet de s'adresser directement à ses rivaux. «Aujourd'hui, je mets au défi nos principaux concurrents dans le commerce (vous vous reconnaîtrez!) de faire aussi bien que nous et de mettre en place un salaire minimum de 15 dollars. Faites-le! Mieux encore, allez jusqu'à 16 dollars et jetez-nous le gant. C'est un genre de compétition qui sera bénéfique pour tout le monde.»

Les firmes concurrentes se sont sans doute immédiatement reconnnues. Dans un marché où la main d'œuvre peut être rare, toutes ont un intérêt à faire quelque peu grimper les salaires minimums. Celui des salarié·es de Target est actuellement à 12 dollars, mais devrait gagner un dollar en juin (bingo!), avant d'atteindre les 15 dollars d'Amazon fin 2020.

La réponse de Walmart

Autre concurrent très sensible à ces problématiques de recrutement et de coût de l'emploi: le mastodonte Walmart, qui emploie 1,5 million de personnes aux États-Unis, et 2,2 dans le monde. Le salaire minimal chez Walmart est, depuis janvier 2018, de 11 dollars. Encore loin des 15 dollars d'Amazon donc, et avec un rattrapage que la masse salariale monumentale de l'entreprise rend sans doute beaucoup plus délicat à effectuer, qu'importent les bonnes ou mauvaises volontés. Le petit tacle de Jeff Bezos n'est donc pas passé inaperçu, loin de là.

Vice-président des corporate affairs chez Walmart, donc l'un des pontes de la firme, Dan Bartlett s'est fendu en réponse à Bezos d'un tweet cinglant: «Hé, concurrents dans le commerce (vous vous reconnaîtrez), pourquoi ne pas payer vos impôts?». Tout en ajoutant un lien vers un article expliquant que le richissime Amazon avait effectivement payé 0 dollar de taxes et d'impôts aux États-Unis en 2018: bim, dans les dents.

Reste que quelles que soient les motivations, pures ou cyniques, une bataille entre géants aux infinis profits pour augmenter les salaires de leurs salarié·es les plus précaires ne peut qu'être une bonne chose pour le bien commun.

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