À l'image de nombreux économistes et observateurs, qui établissent un lien direct entre niveau des émoluments et activité ou chômage, la plupart des restaurateurs new-yorkais étaient vent debout contre la hausse du salaire minimum pour l'ensemble des salarié·es de l'État, annoncée en 2015 par le gouverneur Andrew M. Cuomo.
Apocalyspe salariale
Celle-ci a fait passer l'équivalent du Smic de 7,25 dollars de l'heure (6,5 euros) à 15 dollars en 2018 (13,4 euros). Très dépendante de ses armées de petites mains aux bas salaires, la restauration est souvent présentée comme le secteur le plus fragile en cas de hausse de la masse salariale.
Étaient promises une inflation des notes payées par les client·es, une baisse de l'activité voire des faillites et, finalement, des personnels mis sur le carreau. Une récente étude, menée par The New School et le think tank National Employment Law Project, a pourtant découvert tout l'inverse.
Comme un charme
Selon ses observations, non seulement le secteur de la restauration à New York n'a traversé aucune des apocalypses prophétisées par les adversaires de la mesure, mais il vit de très beaux jours. «Lors de cette période où l'État a connu une hausse historique du salaire minimum, la croissance à New York a dépassé la moyenne nationale», est-il ainsi analysé, avec force détails chiffrés.
Cette résistance peut notamment s'expliquer par les bonnes performances économiques générales de l'État de New York, ainsi que par les récentes mutations du secteur –le surgissement de la restauration en livraison a offert un coup de jeune à de nombreux établissements.
Dans une nation où le plein emploi crée de fortes tensions mais où les salaires continuent à stagner, cette étude peut être une nouvelle bienvenue pour les salarié·es. Et le fait qu'un géant comme Amazon tente de tirer la concurrence vers le haut en fixant un salaire minimum deux fois plus élevé qu'au niveau national laisse à penser qu'un changement de paradigme est en cours.