En passant une petite heure, le soir venu, à essayer de trouver un long-métrage ou une série qui correspondra à peu près à ses désirs, on oublie la genèse de la firme américaine.
Avant de devenir la plateforme de vidéos à la demande en streaming qui avale goûlument nos heures de sommeil, Netflix fut à partir de 1999 aux États-Unis une entreprise de location de DVD par voie postale. Suprise: elle l'est encore, comme le rapporte CNN.
Papy DVD fait de la résistance
2,7 millions d'Américain·es, loin d'avoir mis leur lecteur DVD au rebut comme un écho perdu des temps anciens, continuent ainsi à commander puis renvoyer des films sur disques plastique à l'entreprise de Los Gatos, en Californie.
Ce qui n'a rien de négligeable: cette activité vieillissante a tout de même rapporté 212 millions de dollars (188 millions d'euros environ) à Netflix en 2018. De quoi produire quelques-uns des contenus exclusifs dont elle se sert comme produits d'appel pour amasser de nouveaux abonnements, aux États-Unis comme dans tous les pays où elle est implantée.
La première explication avancée par CNN pour analyser cette surprenante survivance n'a, justement, rien de surprenant: Netflix réclame un haut débit auquel une partie de l'Amérique rurale n'a pas accès. La Commission fédérale des communications note ainsi que 24 millions des foyers états-uniens n'ont pas accès à une connexion solide; ils disposent en revanche tous d'une adresse postale.
Mais croire que seule l'Amérique rurale est concernée par cette résistance du DVD face aux flux numériques serait une erreur. Une porte-parole de la société indique ainsi que les zones les plus «clientes» de cette vieille formule sont New York et la «Bay Area» de San Francisco –des endroits où l'ADSL et la fibre se portent a priori plutôt bien.
Un catalogue gargantuesque
Vient alors la seconde explication: le catalogue du service de streaming est certes relativement large, mais il est loin d'être exhaustif. Aux 6.000 œuvres disponibles sur Netflix aux États-Unis, il faut ainsi opposer les plus de 100.000 titres dont disposerait le service d'abonnement postal: les cinéphiles sont donc susceptibles de trouver à peu près toutes les pépites de leurs rêves dans ce catalogue monstrueux.
Ajoutons à cela l'absence pour raisons de droits de certains gros films nommés aux Oscars, ou la multiplication des plateformes et abonnements et la lassitude du consommateur qui l'accompagne, et nous tenons l'explication de ce vrai-faux anachronisme.