Si Microsoft a récemment pris la place d'entreprise américaine la plus capitalisée, avec une valeur boursière dépassant les 100 milliards de dollars et récompensant les stratégies de Satya Nadella, elle n'est pas pour autant la marque la plus puissante au monde.
Comme chaque année, le cabinet Kantar a publié mardi 11 juin son top 100 des marques les plus valorisées. Nommée BrandZ, cette étude est menée selon une méthodologie complexe, détaillée ici, mêlant finances et valeur morale allouée à une marque par les consommateurs.
+52% en un an
Depuis douze ans, Apple et Google semblaient être d'indéboulonnables leaders, s'échangeant la première place selon les années et les aléas. Mais rien n'arrête la progression d'Amazon aux yeux du monde: la marque de Jeff Bezos a cette année chipé la première place à ses deux camarades, avec une valeur de marque estimée à 315,5 milliards de dollars (279 milliards d'euros). Une croissance de 108 milliards de dollars, soit 52%, par rapport à 2018.
Avec une marque valorisée à 309,5 milliards de dollars, Apple reprend de justesse la seconde place à Google, qui suit avec 500 millions de dollars de moins.
Tout irait donc bien pour Amazon? Pas si sûr. Doreen Wang, qui dirige BrandZ, a expliqué à CNBC que cette progression était notamment due à l'emprise toujours plus large d'Amazon sur l'ensemble des secteurs économiques.
Santé en ligne avec le rachat de Pillpack, transport aérien avec Amazon Air, livraison de repas à domicile avec une large participation dans Deliveroo, véhicules autonomes avec un soutien fort à la start-up Aurora et 700 millions placés dans les camions électriques de Rivian, industrie du cloud avec AWS, internet par satellite avec le Projet Kuiper ou grande distribution physique avec Whole Foods... Rien n'échappe à la gloutonnerie entrepreneuriale de Jeff Bezos.
Qui, pourtant, risque de finir par se retrouver face à un mur insurmontable. Comme leurs homologues européennes, les autorités américaines et notamment la Federal Trade Commission commencent à pressentir, un peu tardivement, que ce poids financier démesuré, cette toute-puissance de la marque et cette omniprésence économique forment un parfait ensemble de pratiques anti-concurrentielles qu'interdit le Sherman Antitrust Act.
Ajoutons à ces potentielles chicanes légales le souhait d'importantes figures politiques, telle la candidate à l'investiture démocrate Elizabeth Warren, de démanteler les géants du net, et nous comprenons aisément que cette première place mondiale au classement des marques puissantes tombe peut-être au pire moment pour Amazon.