Donald Trump n'a peut-être pas choisi le bon ennemi, ni les bonnes méthodes. Alors qu'à son initiative la guerre douanière se poursuit entre les États-Unis et la Chine, cette dernière détient des armes pour résister.
3,27 millions de millions
Malgré un ralentissement certain de sa croissance, entamé avant cette bataille des tarifs douaniers, l'excédent fiscal de la Chine reste colossal: selon Bloomberg, ce sont 25,1 billions de yuans (3,27 billions d'euros environ) qui traîneraient encore dans les caisses du pays.
Pour mémoire, un billion représente un million de millions, ou mille milliards, donc beaucoup de zéros –le confortable matelas sur lequel repose la Chine correspond peu ou prou au PIB de l'Allemagne, quatrième puissance économique mondiale.
Ce qui fait dire à Serena Zhou, économiste pour la firme honk-kongaise Mizuho Securities Asia Ltd, que «les leaders chinois pourront mieux que leurs homologues américains utiliser les différents leviers à leur disposition, et c'est de là que vient leur confiance».
Politique monétaire, politique fiscale, rôle prépondérant des entreprises contrôlées par l'État, Zhou poursuit en expliquant que la Chine «dispose clairement d'un contrôle plus solide sur son économie que les États-Unis».
Xi Jinping peut donc encore continuer quelque temps à faire le gros dos face à la tempête. Avant même le besoin potentiel mais non souhaité d'une intervention franche de la Banque populaire de Chine, il peut se permettre quelques largesses pour essayer de ne pas déjuger ses promesses de croissances. «La Chine pourrait amplifier sa politique de croissance si les États-Unis imposent 300 milliards de taxes douanières supplémentaires sur les bien issus du pays», ont expliqué à Bloomberg des économistes de CICC, citant l'exemple d'une baisse des taxes et impôts.
Les ménages américains impactés
De l'autre côté du monde, c'est la population américaine qui fait grise mine. Parce que ce sont les personnes qui importent des produits qui s'acquittent des taxes imposées par l'administration Trump, les coûts finissent par se répercuter sur le panier des ménages américains.
Un think tank bi-partisan, ouvertement défavorable à cette guerre douanière, a calculé que dans un scénario a minima, un foyer américain moyen pouvait s'attendre à dépenser 767 dollars (686 euros) de plus sur l'année à venir du fait du renchérissement d'une grande partie des biens de consommation courante.
Suivant ce même scénario, le marché de l'emploi américain perdrait un peu de sa superbe actuelle, avec 934.000 salarié·es dont le travail risque d'être menacé. Le symbole d'une Amérique bombant le torse face à son plus grand rival économique plaît sans doute à une grande partie de l'électorat de Trump.
Mais les calculs de ces personnes qui ont voté pour lui pourraient les faire changer d'avis dès leur premier achat d'un nouveau climatisateur, de vêtements, de shampoing, de piles, d'un vélo, de papier toilette ou d'un iPhone, autant de produits touchés par ces hausses.