Adieu, papier. Nous ne t'oublierons pas. | AbsolutVision via Unsplash
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50%

C'est la part des revenus générés par le nouvel Apple News, un «Netflix de l'info», que la firme de Tim Cook veut garder pour sa pomme. Les éditeurs ne sont pas ravis.

L'industrie de l'information n'a pas fini sa mue. Elle cherche, partout, à s'inventer un modèle économique viable. Les rares succès, comme celui que claironne fièrement –et à raison– le New York Times, semblent constituer des contre-exemples dans un marché qui continue d'être englué dans une morosité décliniste et des plans de licenciement à répétition.

L'un des prochains mouvements annoncés par Apple dans son écosystème de services –qui semble constituer pour la firme californienne, dont les ventes matérielles s'effritent, le moteur de sa croissance future– est donc surveillé de près.

L'annonce pourrait être faite le 25 mars. Plusieurs médias américains avancent qu'Apple prépare actuellement l'un de ses events, qui ne serait pas cette fois consacré à des nouveautés matérielles mais à Apple News et, peut-être, au tout aussi attendu service de vidéo à la demande qu'elle compte lancer dans les prochains mois.

«Un deal de merde»

Repris par 9to5Mac, le Wall Street Journal rapporte que les négociations sont toujours en cours entre Apple et certains grands éditeurs américains. Le système ressemblerait à un «Netflix de l'info»: contre un abonnement d'environ 10 dollars par mois [environ 9 euros], les utilisateurs et utilisatrices pourraient, à volonté, lire les articles des publications disponibles –y compris bien sûr celles dont les contenus les plus importants sont pour le moment placés derrière un paywall.

Que les négociations achoppent n'est pas étonnant. Apple, qui impose déjà aux développeurs une ponction de 30% sur les revenus générés par la vente d'applications dans l'App Store, demanderait aux éditeurs de presse la moitié des revenus générés par son service. Les 50% restant seraient partagés entre les publications concernées, selon la consommation des abonnées et abonnés. Moitié-moitié, un partage assez osé.

Autre point de friction: l'abonnement étant souscrit auprès d'Apple, elle seule aurait accès à certaines données que des éditeurs de presse pourraient considérer comme cruciales pour leur développement et leur marketing.

«C'est un deal de merde», a carrément lâché à AdAge l'un des négociateurs, de manière anonyme, ajoutant le qualificatif de «cupide». «On a l'impression de se prendre un coup de poing dans le nez, a quant à lui déclaré Jason Kint, patron de Digital Content Next, chargé de défendre les intérêts de certains éditeurs. Il y a une réelle inquiétude sur la manière dont les plateformes sont en train de couper l'oxygène qui alimente l'écosystème des médias. Nous avons apprécié la prévenance et le leadership dont Apple a fait preuve l'année passée quant à certaines problématiques d'éditeurs. Il serait bon de les voir prendre un vrai leadership dans l'économie et l'industrie des médias, et de reconnaître la valeur des informations et de l'entertainment qu'ils distribuent.»

Toute résistance serait-elle vaine?

Apple n'est bien entendu pas le seul acteur du marché. En France, on peut notamment rappeler l'existence du Kiosk ou de SFR Presse, qui permettent contre abonnement la lecture sur support numérique de titres papier et qui s'appuient sur les viviers d'abonnées et abonnées de grands acteurs tels SFR, Bouygues ou CDiscount.

Dix grands éditeurs ont également décidé de mettre en place une plateforme d'identification commune aux titres concernés –peut-être la préfiguration d'une offre unique, semblable à celle qu'Apple a dans ses cartons.

Mais l'actuelle version d'Apple News compte déjà, aux États-Unis, 90 millions d'utilisateurs et utilisatrices actives: la cible est trop grosse pour que les éditeurs résistent longtemps aux exigeances financières de la firme de Tim Cook. Ils ont déjà pu constater l'impact, sur leurs statistiques de visites, du partage de l'un de leurs articles sur la version française d'Apple News –pourtant minimale. Alors ils savent que l'entreprise de Cupertino et ses plus de deux milliards d'appareils iOS distribués dans le monde peuvent peser très lourd dans le futur paysage médiatique.

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