Cité par Forbes, Richard Duncan, un économiste américain à l'origine de la théorie d'Olduvaï et auteur de The New Depression: The Breakdown Of The Paper Money Economy est considéré par certain·es comme un prophète de la catastrophe.
Il estime que les États-Unis seraient en train de vivre un nouveau «moment Sputnik», en référence au moment où le pays voyait la Russie, son concurrent frontal, envoyer un premier satellite dans l'espace afin de montrer à la face du monde sa grande avance en matière de conquête spatiale et de prouesse technologique.
L'URSS et les fusées sont désormais remplacées par la progression constante de la Chine vers une probable position d'hyperpuissance mondiale. Une quête du retour au sommet chère à Xi Jinping. Selon Duncan, «il ne fait aucun doute que la Chine prendra le dessus en tant que superpuissance technologique, économique et militaire si la tendance se poursuit».
L'économiste fait référence à la volonté qu'a cette nation d'investir massivement dans la recherche et le développement, dans l'intelligence artificielle, la 5G, la conquête spatiale ou la transition vers l'électrique, alors que les États-Unis peinent à se sortir du vieux schéma de la guerre douanière.
S'il pouvait s'avérer efficace dans les années 1980 et qu'il s'est montré électoralement payant, en 2020 cet affrontement à coups de taxes ne peut à terme qu'affaiblir l'économie d'un pays qui peine à investir dans son avenir plutôt que les mines de charbon.
«Guerre froide technologique»
«Il n'existe qu'un seul moyen pour que les États-Unis conservent leur avance», explique Duncan. Il consiste à mettre beaucoup d'argent sur la table. L'économiste estime à 8.000 milliards de dollars [7.065 milliards d'euros] la somme que le pays de l'oncle Sam doit investir en une décennie pour conserver sa place dominante. Les secteurs stratégiques auxquels pense Duncan sont l'IA, les biotechnologies, l'ingéniérie génétique, les énergies renouvelables, les neurosciences, la robotique ou l'informatique quantique.
Forbes poursuit l'analyse: si la Chine doit elle aussi composer avec divers obstacles (l'endettement, les conflits géopolitiques ou le ralentissement de sa croissance), l'approche économique de l'administration Trump est si simpliste que Xi Jinping et les caciques du Parti communiste chinois pourraient accueillir avec bienveillance un second mandat du président américain.
Cette administration, dont les coupes fiscales semblent ne servir que les intérêts des actionnaires, compose avec des élu·es parlementaires qui, elles et eux, semblent avoir mieux pris conscience de l'urgence.
Un plan d'investissement de 100 milliards de dollars pensé par le Congrès et bipartisan a été présenté fin 2019 pour soutenir la recherche américaine en intelligence artificielle. Plus récemment, un autre projet a été proposé, encore par le Congrès, visant à soutenir l'industrie nationale des semi-conducteurs et, comme l'écrit un éditorialiste du Financial Time, «survivre à la guerre froide technologique».