C'est la petite entreprise qui ne cesse de grimper, et on comprend facilement pourquoi: non seulement sa cible est parfaitement définie, mais elle comble un besoin bien réel. Fondée en 2014, Acorns permet à ses utilisateurs et utilisatrices de se constituer une épargne ou un micro-fonds d'investissement personnel de manière quotidienne, transparente voire presqu'invisible.
Une tirelire moderne
C'est l'équivalent moderne du petit cochon rose en céramique. Plutôt que de stocker quelques pièces jaunes dans une tirelire qui finira reléguée au fond d'un carton avant même que les ados atteignent leurs 12 printemps, elles et ils peuvent bénéficier d'une carte de paiement accolée à Acorns: elle leur permet, pour chaque dépense, de mettre quelques dollars ou centimes de dollars de côté en pensant à leurs vieux jours. Les sommes ainsi épargnées sont investies par la société dans des portefeuilles de titres (actions, obligations...) que l'entreprise gère de A à Z pour ces jeunes pousses. De nombreuses compagnies partenaires reversent également un pourcentage à ces consommateurs et consommatrices en herbe lors d'achats spécifiques.
Dans un monde où les millenials n'ont à peu près aucune vision sur l'avenir de leur retraite –si retraite il y aura–, dans des économies où les régimes généraux jugés trop coûteux se font souvent suppléer par des systèmes privés, la solution ne pouvait que cartonner, pour le meilleur ou pour le pire.
Et elle cartonne: 4,2 millions de personnes avaient ainsi ouvert un compte sur la plateforme fin 2018, dont 2 millions pour les douze derniers mois. Plus de 340.000 parmi ces inscrites et inscrits ont ouvert un «individual retirement account» (IRA), déposant au total plus de 40 millions de dollars (35 millions d'euros environ) depuis mai 2018, date de lancement du produit. Acorns gérait un fonds de 632 millions de dollars (à peu près 556 millions d'euros) en 2017: il est passé à 1,2 milliards de dollars (environ 1,05 milliards d'euros) l'année suivante.
Quant à la démographie de la population concernée par la plateforme, elle est clairement identifiée. Une proportion de 60% d'utilisateurs et utilisatrices ont entre 18 et 35 ans, elle tombe à 30% entre 36 et 50 ans et 10% seulement sont des personnes de plus de 50 ans.
Le revenu de 90% des inscrites et inscrits est de moins de 100.000 dollars par an. Acorn cible donc les personnes jeunes, aux revenus modestes ou médians. Nous reviendrons plus longuement sur ces sujets mais l'épargne, elle-aussi, et en particulier l'épargne des digital natives, connaît sa disruption.