Si, le nez creux et les poches profondes, vous avez eu la bonne idée en décembre 2010 d'investir quelques piécettes dans la jeune Netflix, il est probable que vous lisiez cet article confortablement installé·e sur une plage mauricienne ou dans un luxueux lodge namibien.
Car en près de dix ans de présence dans l'indice SP500, au sein duquel la jeune plateforme de streaming a remplacé le New York Times, l'action Netflix a gagné la bagatelle de plus 4.000%, en faisant de loin le meilleur investissement de la décennie.
Comme le note CNBC, cette réussite extrême n'est pas allée de soi. Un an après son introduction à Wall Street, Netflix et son PDG Reed Hasting se prenaient les pieds dans leur propre stratégie, dans ce qui est désormais connu sous le nom de «débacle Qwikster».
En séparant son activité originelle (mais toujours profitable) de location postale de DVD et celle, en développement, de streaming vidéo, la plateforme augmentait de facto ses tarifs, faisait fuir ses abonné·es et s'effondrait en bourse, l'obligeant à faire marche arrière et à lever en urgence 400 millions de dollars (360 millions d'euros) pour assurer sa survie.
Succès douteux
Et aujourd'hui encore, le carton de Netflix continue à ne pas aller de soi. Désormais concurrencée, entre autres géants aux moyens monumentaux, par Amazon, Disney ou Apple, la firme continue de fonctionner avec une marge opérationnelle plus que minimale et, surtout, de brûler du cash à une vitesse effarante pour produire ses «Originals» –le premier fut House of Cards, en 2013.
Pas moins de 15 milliards de dollars seraient ainsi dépensés en 2019, en hausse de 70% par rapport à 2017, et à 85% pour produire des contenus exclusifs à la plateforme. De quoi, malgré cette décennie miracle, faire se soulever un sourcil interrogateur chez certain·es analystes, dont une partie parle d'une capitalisation boursière «non garantie» et pointe du doigt le risque permanent de migration des abonné·es vers d'autres horizons.