C'est une proposition de loi qui passe mal chez les protecteurs et protectrices de la faune et de la cause animale. Fin février dernier, le gouvernement sud-africain a proposé d'ajouter quatre-vingt-dix espèces locales et non indigènes à la liste des animaux règlementés par le Meat Safety Act (MSA), en charge d'établir les normes des abattoirs du pays et de règlementer le commerce de viande.
Dans l'état actuel de la proposition, cela rendrait légaux l'élevage, l'abattage et la consommation humaine de ces animaux sauvages, dont des hippopotames, des éléphants, des girafes et des rhinocéros –une espèce pourtant menacée.
Jusqu'ici, le MSA autorisait l'abattage de trente-cinq espèces. Parmi celles-ci l'on retrouve des chèvres, des volailles, des bovins et des moutons. Au total, si cette loi est ratifiée, 135 espèces d'Afrique du Sud seront considérées comme des animaux de ferme, déstinés potentiellement à l'élevage et à la consommation.
Une telle décision poserait doublement problème, explique The Conversation. D'un côté, la loi ouvrira la porte à une consommation massive d'animaux sauvages protégés, tout en fournissant une couverture au commerce illégal de ces espèces.
De l'autre, la législation favorisera l'émergence de marchés humides dans le pays, alors même que les scientifiques du monde entier pointent du doigt le rôle de tels lieux dans l'apparition du coronavirus.
Un contrôle accru sur l'abattage
Le département sud-africain en charge de cette législation a publié fin avril dernier un communiqué afin d'expliquer l'objectif d'une telle proposition, rapporte le média néo-zélandais Newsroom.
Il est stipulé que l'inscription d'un animal à cette loi n'a pas pour but d'encourager son abattage, mais plutôt de faciliter les contrôles sur la façon dont ils sont abattus –dans le cas où ils le sont.
Le Meat Safety Act établit en effet des normes sur les abattoirs du pays et, en vertu du nouveau projet, les animaux nouvellement inscrits ne pourront être abattus et consommés en dehors des lieux autorisés. Actuellement, certains safaris d'Afrique du Sud proposent de manger les animaux qui viennent d'être chassés.
Par ailleurs, The Conversation précise que l'une des raisons de ces modifications est de réglementer l'abattage des lions élevés en captivité dont les os sont de plus en plus exportés vers les marchés asiatiques. En 2018, l'Afrique du Sud, seul pays du continent à pratiquer l'élevage des félins, a doublé son quota de vente de squelettes.
Pour autant, même si cela ne semble pas constituer son objectif premier, il y a fort à parier qu'une telle décision légitimera la consommation d'animaux sauvages protégés, note le média. Pour le moment, l'amendement a été soumis au public pour commentaire jusqu'au 30 juin.