2,5 millions d'euros depuis le début de l'année. C'est le butin amassé d'après la police de Bavière par des arnaqueurs téléphoniques se faisant passer pour des agents d'Europol –notez que la Bavière n'abrite que 15% de la population allemande, et sa police est la seule à avoir accepté de dévoiler publiquement le coût de cette escroquerie, qui est donc probablement bien plus élevé.
Le mode opératoire est simple: les victimes reçoivent un appel provenant d'un numéro allemand. Au bout du fil, une personne se prétendant d'Europol, l'agence européenne de coopération entre les polices des États membres. Les escrocs leur font croire qu'elles sont en train d'être la cible d'une usurpation d'identité, et qu'elles doivent rapidement mettre leurs finances à l'abri, car la sécurité de leurs comptes est menacée.
Une personne visée raconte ainsi au Guardian que d'après son interlocuteur, ses informations personnelles et bancaires avaient été retrouvées lors d'une perquisition à Berlin et que son compte en banque allait être utilisé pour acheter de la cocaïne.
Pour soi-disant sécuriser leur argent, les faux agents proposent à leurs victimes d'acheter des cartes prépayées Amazon ou Google Pay, de récupérer des cryptomonnaies, ou d'installer un logiciel pirate sur leur ordinateur. Depuis fin février, 22.000 personnes se sont plaintes au régulateur des télécommunications allemand d'appels de ce type, et des dizaines de milliers d'autres sont probablement passées sous ses radars –sans compter quelques cas détectés en Autriche et en France.
Quantité plutôt que qualité
Pour les policiers chargés de l'enquête, une telle opération de fraude nécessite un call center entier, probablement en Inde ou au Pakistan. Les escrocs utilisent une technique appelée «ID Spoofing», qui permet de ne pas afficher sur le téléphone recevant l'appel le vrai numéro avec lequel il est en contact. Ainsi, alors qu'un numéro étranger aurait pu mettre la puce à l'oreille, les escrocs peuvent dissimuler leur réelle identité grâce à l'affichage d'un numéro allemand.
«Nous sommes face à des criminels qui préfèrent la quantité à la qualité. Ils appellent des numéros en masse et à l'aveugle. N'importe qui possédant un téléphone portable est une victime potentielle», explique au Guardian Colin B. Nierenz, un officier de la police criminelle de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Pour l'instant, la police ne parvient pas à identifier d'où exactement proviennent les appels, qui semblent transiter par plusieurs pays afin de cacher leur origine réelle –une sophistication rare pour ce genre d'escroquerie.