Malgré son image de géant bien installé au sommet, Amazon a le même vice que nombre d'autres acteurs des nouvelles technologies: la firme de Jeff Bezos profite de sa taille sans limite et rogne ses marges à l'extrême pour doper sa croissance et écraser la concurrence.
Selon ses détracteurs, cette technique montre que le modèle d'Amazon n'est pas viable et qu'il finira forcément un jour par s'écrouler. De fait, alors que les revenus de l'entreprise enflent continuellement depuis sa création, ses profits progressent de manière beaucoup plus timide.
Jeudi 24 octobre, Amazon a publié des résultats trimestriels en deçà de ses objectifs et en baisse de 26% par rapport à l'année dernière. L'annonce a immédiatement fait baisser le cours de son action de 7% –suffisamment pour que, selon Forbes, Jeff Bezos perde (pour l'instant) sa couronne d'homme le plus riche du monde.
Ces contre-performances ne sont pourtant pas vraiment une surprise. En avril dernier, Brian Olsavsky, directeur financier du groupe, avait déjà prévenu les investisseurs que l'entreprise comptait dépenser 800 millions de dollars en recherche et développement afin d'améliorer ses temps de livraison. Et elle ne souhaite pas s'arrêter en si bon chemin.
Bezos droit dans ses bottes
Amazon veut généraliser les livraisons en une journée, destinées à sa clientèle premium. Dans ce but, le groupe investit en lui-même pour améliorer ses algorithmes, construire de nouveaux entrepôts et data centers, etc.
Si les dépenses que cet objectif engendre déplaisent à Wall Street, Jeff Bezos reste droit dans ses bottes. Dans un communiqué, il a estimé que «les clients adorent la transition de deux à un seul jour de livraison. Ils ont déjà commandé des milliards de produits avec cette option cette année. C'est un gros investissement, mais c'est la bonne décision à long terme».
Ces investissements massifs ne vont toutefois pas pouvoir continuer éternellement. Aujourd'hui, la majorité des profits d'Amazon ne proviennent pas du e-commerce mais d'Amazon Web Services (AWS), la branche cloud du groupe.
Seulement, cette activité commence à faire face à de sérieux concurrents, dont Azure, la plateforme de Microsoft. Déjà passée devant Google, celle-ci s'attaque désormais à AWS, qu'elle pourrait bientôt doubler.