Si elle eût paru saugrenue il y a quelques années, l'idée qu'un géant du privé comme Amazon vienne à la rescousse d'États parfois dépassés dans leur lutte contre la pandémie de Covid-19 a fait du chemin.
Elle en a tant fait que, mercredi 20 janvier, l'entreprise de Jeff Bezos a écrit au président Biden pour lui proposer ses services.
Annoncé mi-janvier, le plan de Joe Biden pour la campagne américaine de vaccination est ambitieux: le 46e président des États-Unis a ainsi annoncé souhaiter que 100 millions de doses soient injectées dans les 100 premiers jours de son mandat.
Or, comme beaucoup d'autres, le pays semble s'enliser dans un rythme d'innoculation chaotique, alors que le virus continue de se propager massivement et d'emporter des milliers de vies chaque jour.
Du pain béni pour Amazon, qui est entrée il y a quelques semaines dans une séquence de lobbying intense auprès des autorités américaines pour que son personnel, il est vrai en première ligne depuis le début de la crise, soit considéré comme suffisamment vital pour recevoir le vaccin de manière prioritaire.
La firme, de plus, dispose d'une armée logistique imposante, implantée sur l'ensemble du territoire fédéral et réputée comment étant parfaitement huilée.
Patron du «worldwide consumer business», Dave Clark a donc sorti sa plume pour écrire à Joe Biden une missive publiée sur Twitter. Dans un bel exercice d'équilibrisme corporate, celle-ci constitue à la fois une offre de services directe et une opération de communication forte, sans doute bienvenue pour redorer l'image du grand méchant loup du e-commerce.
Letter to @POTUS: “Amazon stands ready to assist you in reaching your goal of vaccinating 100 million Americans in the first 100 days of your administration.” pic.twitter.com/bH6y6IZZEW
— Amazon News (@amazonnews) January 20, 2021
Donnant-donnant
«Amazon se tient prête pour vous aider à atteindre votre but de vacciner 100 millions d'Américains dans les 100 premiers jours de votre administration», est-il écrit.
«En tant que deuxième plus gros employeur de la nation, Amazon a plus de 800.000 salariés aux États-Unis, la plupart desquels étant des travailleurs essentiels ne pouvant travailler de la maison», ajoute Clark. Il met ensuite l'accent (grave) sur le rôle joué par ses troupes depuis le début de la pandémie, et réitère sa demande de vaccination prioritaire. Avant, enfin, de passer à l'offre de services à proprement parler.
«Nous avons trouvé un accord avec une entreprise reconnue de soins médicaux pour pouvoir administrer les vaccins sur site, dans les installations d'Amazon», annonce ensuite Clark.
«Nous sommes prêts à agir rapidement dès que les vaccins seront disponibles. De plus, nous sommes prêts à profiter de notre logistique, de nos technologies de l'information et de notre expertise en communication pour appuyer les efforts de votre administration. Notre taille nous permet d'avoir un impact immédiat important dans la lutte contre le Covid-19.»
Une offre «donnant-donnant» de l'entreprise qui, si elle est acceptée, pose de multiples questions sur la capacité des États à assurer eux-mêmes leur politique de santé publique.