Comme chaque année à la saison des fêtes, Amazon s'apprête à recruter massivement pour faire face à l'afflux de commandes. Plus de 100.000 travailleurs saisonniers devraient ainsi être embauchés, après les 275.000 emplois déjà créés depuis le confinement en mars.
Puisque le travail de préparateur de commandes (l'essentiel des recrutements) n'est pas spécialement une partie de plaisir, Amazon offre une petite carotte aux nouveaux arrivants: une prime allant de 1.500 à 3.000 dollars [1.250 à 2.500 euros environ] versée à l'embauche, comme le rapporte Bloomberg (la somme versée varie selon les villes).
Cette prime est loin de faire l'unanimité: les employés qui travaillent depuis des années pour le géant du e-commerce ont reçu de leur côté comme unique récompense... un coupon de réduction de 10 à 25 dollars pour une dinde de Thanksgiving. La décision a été très mal accueillie: certains ont estimé qu'une réduction de 10 dollars est «à peine suffisante pour acheter une cuisse de dinde», d'autres ont indiqué n'avoir jamais reçu leur coupon.
Ressentiment
«Si un travailleur reçoit une dinde et un autre 3.000 dollars, c'est l'insulte ultime en matière de compensation, explique Fred Whittlesey, un expert en rémunération et ancien employé d'Amazon, à Bloomberg. Les gens se comparent constamment entre eux. Peu importe qu'il s'agisse d'argent, d'une dinde ou d'actions gratuites. Si quelqu'un a obtenu quelque chose que l'autre n'a pas eu, cela crée immédiatement du ressentiment.»
Pour Amazon, la prime est une solution pour pallier un réel manque de main-d'œuvre. Malgré un taux de chômage de 6,9% en octobre aux États-Unis, soit le double du niveau pré-pandémie, de nombreux chômeurs hésitent à retourner sur le marché du travail. Certains touchent encore les aides d'État, d'autres craignent d'attraper le Covid.
En France, à la mi-novembre, les sections syndicales SUD et CGT d'Amazon ont d'ailleurs dénoncé les conditions de travail «à risque» dans les entrepôts à l'approche de Noël. «On se marche littéralement sur les pieds et on a vu des files d'attente devant les entrepôts», témoigne ainsi Laurent Degousée, de SUD-Solidaires.