Alors qu'en juillet 2021, Jeff Bezos est devenu le premier milliardaire à franchir la frontière de l'espace, la ligne de Kármán, à bord de son propre vaisseau spatial, la fusée New Shepard, tout semblait lui sourire. Mais ces derniers mois, rien ne va plus chez Blue Origin.
Vingt-et-un employés et ex-employés de la société ont publié sur le site internet Lioness un article dénonçant la culture d'entreprise de la société de l'homme le plus riche du monde, et l'accusant de négligence vis-à-vis de la sécurité des vols.
Il est reproché au management de l'entreprise d'avoir des comportements sexistes, y compris des cas de harcèlement sexuel envers leurs employés, et de prendre des décisions unilatérales contre l'avis de leurs équipes.
L'article évoque «un modèle de décision favorisant la vitesse d'exécution et la réduction des coûts plutôt que les ressources nécessaires à un travail de qualité» ainsi qu'une obsession de la compétition avec les autres milliardaires Elon Musk et Richard Branson. Il dénonce des équipes largement en sous-effectif, ce qui risquerait de porter atteinte à la sécurité des modules spatiaux.
Enquête de la FAA
D'après un porte-parole de Blue Origin, Alexandra Abrams, la seule personne à avoir signé cet article de son nom, a été renvoyée de l'entreprise en 2019 après avoir été prévenue plusieurs fois qu'elle enfreignait les règles fédérales d'exportation, ce que l'intéressée conteste.
L'entreprise a aussi nié les allégations de l'article, précisant que «Blue Origin n'a aucune tolérance pour la discrimination et le harcèlement» et qu'elle allait lancer une investigation sur ces accusations, tout en assurant que «New Shepard est le véhicule spatial le plus sûr jamais construit».
Blue Origin ne sera pas la seule à enquêter. La Federal Aviation Administration, qui régule les voyages spatiaux, a annoncé qu'elle «prend très au sérieux toutes les accusations de failles de sécurité» et allait passer en revue celles de l'article.