Oups! | Jp Valery via Unsplash
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Archegos: récit de la ruine la plus rapide de l'histoire

Le très discret Bill Hwang a vu ses 20 milliards de dollars partir en fumée en quelques heures.

Il y a quelques semaines encore, personne ou presque n'avait entendu parler d'Archegos ni de son patron et fondateur Bill Hwang.

Ce très discret family office, consacré à gérer le patrimoine de ce dernier, était pourtant un poids lourd du secteur, avec 10 milliards de dollars d'actifs sous gestion, et Bill Hwang affichait une fortune de 20 milliards de dollars.

De très discret fonds d'investissement, Archegos est aujourd'hui passé à paria de la finance, et Bill Hwang a vu sa fortune réduite à néant en quelques jours, avec des pertes avoisinant les 30 milliards. C'est la perte individuelle la plus rapide de l'histoire, illustre Bloomberg.

À la base de ce fiasco financier figure la stratégie risquée, et pour le moins atypique d'Archegos, se comportant davantage comme un hedge fund qu'en gestionnaire de bon père de famille.

Archegos a ainsi eu massivement recours à des swaps, un produit dérivé qui a permis à Bill Hwang d'accumuler les positions risquées sans éveiller les soupçons.

Les courtiers des plus grandes banques (Credit Suisse, Morgan Stanley, Deutsche Bank ou UBS), qui travaillaient pour le compte d'Archegos, n'ont rien vu venir et certains doivent à présent faire face à des pertes records, à l'instar de Credit Suisse qui devrait perdre 4,4 milliards de francs suisses (4 milliards d'euros) dans l'affaire et qui a licencié deux de ses dirigeants.

Une gaufre et le gouffre

La discrétion de Bill Hwang et l'utilisation des swaps (qui permettent de garder l'anonymat) expliquent certes une partie de l'aveuglement des courtiers. Mais le profil du fondateur avait pourtant de quoi mettre la puce à l'oreille.

En 2001, Hwang avait fondé un hedge fund nommé Tiger Asia, liquidé en 2012 alors qu'il faisait l'objet d'une enquête de la SEC (le gendarme financier américain) pour manipulation de cours sur des actions chinoises.

Bill Hwang avait alors accepté de payer 44 millions de dollars pour régler les charges civiles de la SEC, il n'était depuis plus autorisé depuis lors à gérer des fonds pour le compte de tiers.

L'année suivante, Bill Hwang faisait renaître son fonds de ses cendres sous forme de family office et sous le nom d'Archegos –sans toutefois changer ses bonnes vieilles habitudes, consistant à spéculer sur quelques sociétés très exposées.

Si les courtiers des banques ont opportunément fermé les yeux sur la stratégie hasardeuse de Hwang, c'est sans doute parce que ce dernier leur rapportait très gros en commissions: jusqu'à 100 millions de dollars par an en frais, selon Bloomberg.

Le 26 mars dernier, les courtiers ont pourtant dû liquider leurs positions en catastrophe, précipitant Archegos dans le gouffre.

Une affaire qui rappelle tristement que les banques n'ont pas appris grand chose de la crise de 2008, et demeurent aveuglées par les gains faciles et le profit rapide. Bill Hwang, lui, risque cette fois d'avoir bien du mal à rebondir.

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