Les passionné·es de cylindrées racées rêvent souvent de rouler, cheveux aux vents et sous une lune d'argent, sur les hauteurs de Monaco ou dans les Highlands écossais, au volant de l'Aston Martin DB5 rendue mondialement célèbre par le film mettant en scène le personnage de James Bond dans Goldfinger en 1964.
Splendide objet moderne et mythique accessoire de cinéma, cette Bond DB5 ne restera plus longtemps dans l'unique domaine du fantasme. Comme le relate le New York Times, le constructeur automobile britannique a entamé la production de vingt-cinq DB5 «Goldfinger Continuation» dans ses ateliers de Newport Pagnell.
Recréer la légende pour aussurer l'avenir
Aston Martin a fait les choses avec une grande obsession du détail historique. De la couleur et de la texture des cuirs aux instruments de mesure du tableau de bord, fabriqués par l'entreprise ayant succédé à celle ayant fourni les pièces originelles, la voiture se veut une reproduction à l'identique de sa version cinématographique.
Quid, alors, de ces fabuleux gadgets anti-méchants? Mis à part, pour des raisons évidentes, le siège éjectable et le lanceur de clous, ils seront également présents: l'auto est armée d'une bruyante vraie-fausse mitraillette, des sprays peuvent projeter une substance neutre remplaçant l'huile du modèle de Goldfinger, son radar sera remplacé par un GPS de même apparence et le téléphone devrait aussi être fonctionnel.
Un jouet aussi élaboré a bien évidemment un prix: si la DB5 commerciale était, dans les années 1960, vendue pour un peu plus de 11.000 euros, cette Goldfinger Continuation sera mise sur le marché pour la modique somme de 3,2 millions d'euros. Des miettes par rapport aux 5,8 millions d'euros déboursés par l'anonyme ayant acquis, lors d'une vente aux enchère chez Sotheby's en 2019, la «voiture la plus célèbre du monde».
Pour Aston Martin, cet appel aux rutilences du passé est à la fois un pari industriel et l'un des pans d'un vaste plan marketing pour essayer de faire renaître la marque, au bord du précipice il y a quelques mois encore.
L'étape suivante passera par le pinacle du sport automobile, la Formule 1. Acquéreur de l'écurie Force India en 2018, rebaptisée Racing Point en 2020, le milliardaire Canadien Lawrence Stroll fut l'un des membres principaux du consortium qui a sauvé Aston Martin début 2020 en injectant 166 millions d'euros pour un plan global de près de 460 millions d'euros.
Parce qu'il connaît le poids en image mondiale d'une présence en F1, décuplée par la très remarquée série Netflix Drive to Survive, Stroll compte faire entrer la marque dans le championnat dès 2021. Son jeune fils Lance, pilote talentueux qui court pour Racing Point, aura alors la charge de rendre ses lettres de noblesse auxquelles l'avait habitué son passé glorieux au nom de ce constructeur vieux de 107 ans.