L'âge moyen d'une automobile circulant sur les routes de France est de 12 ans. Ce chiffre est en hausse constante: en 2008, il n'était que de 10 ans. Le phénomène est sensiblement le même aux États-Unis, où les voitures avaient en moyenne 11,6 ans en 2017.
Une récente interview donnée au Telegraph par John Rich, responsable de la division véhicules autonomes de Ford, a fait lever quelques sourcils: d'après ses dires, l'espérance de vie moyenne des voitures autonomes issues des chaînes de production du géant américain ne sera que de 4 ans.
Sur la route toute la sainte journée
TechCrunch a voulu en savoir plus et a posé quelques questions supplémentaires à John Rich. Celui-ci a refusé d'indiquer un kilométrage maximum pour les autos concernées, conçues en partenariat avec Argo et avec le soutien stratégique et financier de Volkswagen, mais il a souligné qu'elles étaient pensées «pour une utilisation maximum».
Comprenez par là que Ford ne compte pas vendre ses produits aux particuliers mais mise, au moins initialement, sur des flottes opérées par des firmes privées. Sont évidemment visés Uber, Lyft, Bolt et consorts.
«Les véhicules d'aujourd'hui passent une grande partie de la journée dans des parkings. Pour développer un business model viable et profitable pour les véhicules autonomes, il faut qu'ils soient utilisés pendant la journée entière», a expliqué John Rich –ce qui pourrait amplifier les problèmes de congestion urbaine que les VTC provoquent déjà.
Faire tourner 24 heures sur 24 un véhicule à moteur électrique, donc à autonomie faible et réclamant de longues recharges, semble impossible en l'état actuel des choses. «Si les voitures sont immobilisées par une recharge, elles ne génèrent pas d'argent», fait remarquer le spécialiste.
Le tout électrique, pas pour tout de suite
Rich mentionne le manque actuel d'infrastructures dédiées aux automobiles électriques ou le problème des batteries s'usant prématurément lors de recharges rapides. Il pointe également du doigt la surconsommation énergétique liée à l'utilisation d'un logiciel de conduite robotisée, à la climatisation et aux systèmes de divertissement dédiés à la clientèle de ces courses payantes.
Contrairement à d'autres, et notamment Tesla avec son Robotaxi, Ford ne vise donc pas le tout électrique d'emblée pour ses véhicules autonomes, qu'elle promet faire rouler d'ici 2021. Toujours dans cette optique de «viabilité et de profitabilité», Ford envisage dans un premier temps de s'appuyer sur des automobiles hybrides.
Seulement, comme le note Techcrunch, une voiture hybride est dotée d'un moteur à combustion, dont le nombre important de pièces pourrait se traduire par une multiplication des pannes.
Voilà qui justifie en partie l'estimation de Ford quant à la durée de vie limitée de ses premiers véhicules autonomes, proche de celle calculée en 2017 pour les taxis new-yorkais.