Le pick-up Badger de Nikola, destiné au grand public. | Nikola Corp
Le pick-up Badger de Nikola, destiné au grand public. | Nikola Corp

Sans vendre un seul véhicule, Nikola a déjà dépassé Ford en bourse

Les marchés se prennent de passion pour la start-up américaine et son pari de camions à hydrogène.

Depuis le 3 juin, une nouvelle griffe s'est imposée dans les discussions sur les véhicules électriques. L'entreprise spécialisée en camions et pick-ups électriques Nikola (une référence à Nikola Tesla, tout comme le nom de... Tesla) est entrée en bourse et a terminé sa journée avec une capitalisation de 12 milliards de dollars [10,6 milliards d'euros]. Le lendemain, elle doublait encore cette somme mirobolante, valant selon les marchés environ 30 milliards de dollars [26,4 milliards d'euros].

Cela met Nikola devant certains constructeurs automobiles historiques, dont Ford, capitalisé à 28,8 milliards de dollars. Et ce en dépit de la petite originalité de Nikola: créée en 2014, l'entreprise n'a jamais vendu un seul véhicule.

L'innovation de Nikola est d'utiliser de l'hydrogène plutôt que des batteries électriques. Un pari osé puisqu'il n'existe pour l'instant quasiment pas d'infrastructures pour recharger des véhicules à hydrogène.

Malgré cela, l'entreprise estime que l'hydrogène a plus d'intérêt dans le cadre d'une utilisation pour le fret. Les camions ont besoin de parcourir de longues distances et arpentent des trajets récurrents et prévus à l'avance. Il est donc plus simple de savoir où placer des stations d'hydrogène. L'entreprise veut bâtir ces infrastructures elle-même.

Stratégie risquée

À l'inverse de l'hydrogène, les batteries électriques sont longues à recharger et pèsent très lourd, ce qui fait perdre à la fois du temps et de l'espace qui pourrait être occupé par la cargaison. Mais parier sur l'hydrogène, malgré ses avantages, est une stratégie extrêmement risquée qui ne paiera (si elle fonctionne) que dans plusieurs années.

Nikola affirme avoir déjà reçu l'équivalent de 10 milliards de dollars en précommandes et qu'elle commencera à générer un profit à partir de l'an prochain en vendant des camions à batteries, le temps de pouvoir mettre en place ses véhicules à hydrogène.

Autre décision ayant réjoui le marché: l'annonce par l'entreprise de la production du Badger, un pick-up destiné au grand public, le segment le plus profitable du marché de l'automobile en ce moment. Le véhicule est doté d'une batterie électrique et, en option, d'un prolongateur d'autonomie à l'hydrogène, qui porterait la distance possible à parcourir sans recharge à 965 kilomètres.

Nikola ne séduit pas uniquement grâce à ses promesses individuelles. L'entreprise bénéficie d'une tendance de fond des marchés financiers, qui lâchent de plus en plus les entreprises automobiles traditionnelles pour leurs concurrentes alternatives, y compris les plus expérimentales.

En un an, les actions de Tesla ou du constructeur chinois NIO ont ainsi plus que doublé, alors que Ford ou General Motors sombrent, notamment à cause des conséquences de la crise du Covid-19 sur l'industrie.

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