Malgré la crise, le luxe se porte toujours aussi bien. Rolls-Royce l'a bien compris avec l'annonce le 27 mai dernier d'une voiture dédiée aux ultra-riches et baptisée Boat Tail («queue de bateau», en référence à son arrière inspiré d'un yacht).
Ce cabriolet, produit à seulement trois exemplaires, inaugure une division «sur-mesure» que compte développer Rolls-Royce, imitant ainsi d'autres constructeurs de luxe comme Bentley et Porsche, qui appartient à Volkswagen.
Bien que la marque n'ait pas dévoilé le prix de son nouveau bébé, celui-ci devrait avoisiner les 28 millions de dollars (23 millions d'euros), selon le site Carscoops. C'est environ trois fois plus que la voiture neuve la plus chère actuellement en vente, à savoir la Centodieci de Bugatti (9,7 millions de dollars), et deux fois plus que le coupé Sweptail, présenté par Rolls-Royce en 2017 et qui coûtait à l'époque 12,8 millions d'euros.
Il était déjà bien entendu possible pour les riches clients de Rolls-Royce de demander des aménagements personnalisés. Le milliardaire Jack Boyd Smith s'était ainsi offert en février une Rolls Phantom exclusive avec un intérieur en bois de Koa, un arbre qui ne pousse qu'à Hawaï et qui est protégé par les autorités locales.
Mais jusqu'ici, la personnalisation se limitait au choix de la peinture ou à des finitions et accessoires. La Boat Tail inaugure elle un département spécial appelé «Coachbuild», où les clients pourront entièrement customiser la carrosserie à leur gout, explique CNN.
La démesure du sur-mesure
Une idée tirée directement de chez Porsche, qui dispose elle d'un programme baptisé «Sonderwunsch» («souhait spécial» en allemand), initialement créé dans les années 1980 et récemment relancé par la marque.
La marque allemande permet ainsi à ses riches fans de revisiter d'anciens modèles de légende, comme la Porsche 356 ou la 911 sortie dans les années 1960. Le Boat Tail est lui aussi une version moderne d'une série de série de cabriolets très rare de Rolls-Royce sortie dans les années 1920, dont le premier client possédait un exemplaire, souligne Carscoops.
Aux débuts de l'automobile, les riches clients choisissaient souvent un constructeur automobile, comme Rolls-Royce, Hispano-Suiza ou Duesenberg, pour construire les pièces mécaniques de la voiture, tandis que la carrosserie était conçue par une entreprise spécialisée, dont beaucoup étaient d'anciens constructeurs de calèches. «C'était le summum de la personnalisation», se remémore CNN.
Aujourd'hui, de nombreuses entreprises de carrosserie ont été rachetées par les marques automobiles elles-mêmes, qui ont internalisé le travail de personnalisation. Sauf que construire un véhicule sur-mesure est bien plus compliqué aujourd'hui, étant donné les contraintes de sécurité et le mode de fabrication moderne des voitures, où le châssis et la carrosserie sont intégrés.
Mais contrairement aux concepts-cars, destinés uniquement au prestige, ces modèles personnalisés seront rentables, assure la marque. À 28 millions de dollars, on peut bien se permettre de passer deux ans sur le coffre d'une voiture.