Les ventes de voitures électriques ont bondi en Europe pendant le confinement, notamment celles de la Renault Zoé, qui a enregistré plus de 11.000 commandes au seul mois de juin.
Cet engouement exponentiel doit beaucoup aux subventions offertes par les gouvernements européens pour réduire les émissions de carbone. En France, le bonus écologique versé aux particuliers pour l'achat d'un véhicule électrique est passé de 6.000 à 7.000 euros. Outre-Rhin, la chancelière Angela Merkel a fait encore mieux, en accordant aux automobilistes 9.000 euros de réduction.
Aux Pays-Bas, dont la capitale Amsterdam a promis d'interdire les voitures thermiques dès 2030, un fonds de 10 millions d'euros destiné à encourager l'acquisition de voitures propres a été épuisé en huit jours au début du mois de juillet.
«Il y a beaucoup d'offres intéressantes actuellement en raison de subventions plus élevées, et cela stimule la demande, constate Aleksandra O'Donovan, analyste chez Bloomberg New Energy Finance. L'Union européenne pousse à la décarbonisation des transports, et la crise du coronavirus lui a permis d'accélérer ce processus.»
Voiture gratuite
Les aides publiques ne permettent pas seulement de réduire le prix à l'achat, elles cassent également celui du leasing. En Allemagne, les offres pour louer une Renault Zoé commencent à environ 40 euros par mois, contre 80 euros en France.
Une chaîne allemande de concessionnaires, Autohaus König, propose même un contrat entièrement couvert par des subventions, soit une voiture électrique... gratuite. En vingt jours, quelque 300 personnes y ont souscrit et 3.000 autres se sont renseignées.
«Si nous avions eu plus de vendeurs, nous aurions vendu encore plus», assure Wolfgang Huber, responsable des ventes de véhicules électriques pour Autohaus König à Berlin.
Les gouvernements vont désormais devoir ajuster finement la durée de leurs aides, pour éviter un effondrement du marché lorsqu'elles cesseront. La Chine avait par exemple prévu de mettre un terme à ses subventions cette année, mais elle a décidé de les prolonger jusqu'en 2022 en raison de la pandémie.
Ce scénario n'inquiète toutefois pas outre mesure les spécialistes. «La baisse du prix des batteries suggère que les véhicules électriques devraient devenir moins chers que les voitures à essence vers 2025, commente Aleksandra O'Donovan. Lorsqu'on en sera là, le marché accélérera de lui-même, même sans subventions.»