Après l'échec de son A380, mis à la corbeille en 2019 sans s'être montré à la hauteur de ses 20 milliards de dollars (18,9 milliards d'euros) de coût de développement, Airbus a décidé de changer de stratégie et d'opter pour une approche moins risquée. En modernisant la star historique A320 pour concevoir la gamme A320neo ou en lançant l'A321, la société a visiblement tapé dans le mille.
Le succès de l'A321 fut immédiat, explique Bloomberg, ce type d'appareil ayant visiblement trouvé le bon compromis entre envergure, capacité et moindre consommation de carburant. De quoi donner des idées à Airbus, qui entend appliquer la même stratégie au dossier A220, modèle que l'entreprise s'était accaparé début 2020 lorsque la société canadienne Bombardier n'avait eu d'autre choix que de lui céder ses parts.
Par cet ensemble d'initiatives, Airbus pourrait bien damer le pion de Boeing, son rival légendaire, qui n'a actuellement pas de quoi riposter. Endettée à hauteur de 57 milliards de dollars (54 milliards d'euros), plombée par les crashs de deux de ses 737 Max, la firme américaine a récemment annoncé qu'elle ne concevrait pas de nouveau modèle lors de la décennie 2020. De quoi réjouir son concurrent européen, qui a actuellement le vent en poupe.
Face à la passivité de Boeing, Airbus devrait poursuivre son jeu de gagne-terrain en avançant une pièce non négligeable, nommée A220-500. Moins imposant que le Boeing 737 Max 8, il pourra cependant transporter un nombre similaire de passagers, pour une moindre consommation de carburant (13% en moins par siège). En outre, son design devrait attirer plus d'un voyageur ou d'une voyageuse.
Vision à long terme
Le lancement de l'A220-500 ne semble présenter qu'un seul risque: celui d'éclipser partiellement la gamme A320 et donc de nuire à sa bonne santé –mais peut-on vraiment craindre qu'Airbus perde en visibilité au profit... d'Airbus?
De nombreuses compagnies se sont déjà portées acquéreuses, parmi lesquelles les américains Delta Air Lines, JetBlue Airways et Air France-KLM. En tout, ce sont pas moins de 800 appareils qui figurent déjà sur le carnet de commandes d'Airbus. Chaque appareil permettra de transporter environ 175 personnes, soit davantage que les deux versions de base de l'A220 conçues par Bombardier, qui pouvaient respectivement accueillir 130 ou 160 personnes.
À en croire les déclarations de Guillaume Faury, le PDG d'Airbus, sur cet A220-500, la société européenne aborde la période à venir avec des objectifs stratégiques à très long terme. «Nous n'avons pas besoin de cet avion aujourd'hui, mais nous croyons qu'il aura du sens lorsque la famille A320 sera allée au-delà de l'A321», affirme-t-il. Objectif avoué: faire de ce nouvel appareil une version entrée de gamme de sa famille d'appareils à succès.