Le 10 mars 2019 s'écrasait un Boeing 737 Max, quatre mois seulement après le crash d'un appareil du même modèle. Ces deux accidents signaient le début d'une descente aux enfers dont Boeing ne s'est toujours pas remis: commandes annulées, démission de son PDG, avions cloués au sol, crise de confiance, scandales de sécurité à répétition... Rien n'aura été épargné à l'avionneur américain.
La chute de ce géant aurait dû faire au moins un heureux, l'Européen Airbus. À elles deux, les entreprises se partagent la totalité du marché des gros avions et s'échangent régulièrement le titre de premier avionneur du monde.
Bien qu'Airbus ait récupéré une couronne de leader mondial qu'elle n'avait pas portée depuis 2012, l'entreprise n'est pas pour autant parvenue à prendre avantage d'une situation qui lui semblait extrêmement favorable.
En octobre, Airbus a été contrainte de diminuer son objectif de livraisons pour 2019. Alors que le constructeur européen prévoyait de livrer 880 à 890 avions commerciaux dans l'année, il a réduit ses prévisions à 860 appareils.
Retards de production
La popularité commerciale de l'A321 a mis en difficulté l'usine Airbus d'Hambourg, qui a du mal à suivre la demande et met sous tension toute la chaîne de production de la firme.
Airbus a finalement livré 863 avions dans l'année, surclassant son concurrent américain, mais a souffert de difficultés pour produire les moteurs de l'A320neo, un avion similaire au 737 Max qui aurait donc pu profiter pleinement de l'effondrement de ce dernier.
Cliente habituée d'Airbus, la holding International Airlines Group, qui regroupe British Airways, Iberia ou Vueling notamment, a ainsi passé en juin 2019 au Bourget une commande de 24 milliards de dollars (22 milliards d'euros) pour 200 737 Max. Son patron, la langue bien pendue, mettait alors directement en cause la frustration causée par les retards à répétition d'Airbus.
L'A320neo a été commandé à 6.000 exemplaires, mais seuls 700 appareils peuvent être produits chaque année et le temps d'attente pour les compagnies clientes est de neuf ans, indique Quartz.
Pour ne rien arranger, Airbus peut difficilement jouer la carte de la probité face à son concurrent pétri de scandales puisqu'elle est depuis 2016 elle-même mise à mal par une affaire de corruption. L'entreprise a annoncé le 28 janvier qu'elle était prête à conclure des accords avec le Parquet national financier de France, le Serious Fraud Office du Royaume-Uni et le Department of Justice des États-Unis.
Selon le Financial Times, ces accords pourraient coûter trois milliards d'euros au constructeur, soit l'intégralité de ses bénéfices en 2018. Airbus échapperait ainsi à des poursuites pénales et à une condamnation qui, selon Le Monde, pourrait aller jusqu'à une exclusion des marchés publics internationaux pendant cinq ans.