Boeing comme Airbus pensent pouvoir slalomer entre les turbulences. | Geraud Gordias via Unsplash
Boeing comme Airbus pensent pouvoir slalomer entre les turbulences. | Geraud Gordias via Unsplash

L'incroyable optimisme d'Airbus pour le trafic aérien

À rebours de nombreuses prévisions pessimistes, les constructeurs voient l'avenir en rose.

Alors que le transport aérien a connu une chute historique de 60% en 2020, Airbus a publié le 27 mai dernier des prévisions de production étonnamment optimistes, note l'Usine Nouvelle.

«Dès 2023, Airbus compte ainsi produire davantage de monocouloirs qu'il n'en livrait avant l'apparition du Covid-19», note le journal. La production d'A320 pourrait même passer à soixante-dix appareils par mois dès le premier trimestre 2024.

En 2020, l'avionneur européen avait pourtant vu ses commandes s'effondrer de deux tiers, alors que les compagnies aériennes enregistraient des pertes record.

Un optimisme qui tranche avec celui de l'Association du transport aérien international (Iata), qui vient encore de réviser à la baisse ses prévisions pour 2021, avec un trafic représentant à peine 43% de son niveau d'avant la crise sanitaire, contre 51% prévu en décembre.

L'Airports Council International (ACI) ne s'attend lui pas à un retour à la normale avant 2025. Pour certains analystes, la croissance de l'aérien est même durablement compromise.

Le PDG des hôtels Accor, Sébastien Bazin, s'attend à «une baisse durable de 10 à 15%» des voyages d'affaires, en raison notamment de la visioconférence, indique le magazine Capital. Il y a aussi la tendance montante du «flygskam» (la «honte de prendre l'avion»), qui prône le boycott du transport aérien pour des raisons écologiques.

Enfin, la mondialisation semble marquer le pas, ce qui pourrait ralentir les déplacements internationaux, observe René Rohrbeck, professeur de stratégie à l'EDHEC Business School. «Un tiers des lignes aériennes ont disparu en un an et beaucoup pourraient ne jamais revenir», confirme Bloomberg.

Touristes en masse

Comment alors expliquer l'optimisme forcené d'Airbus? D'abord par le rebond attendu du tourisme qui, contrairement au voyage d'affaires, devrait connaître une croissance soutenue dans les mois à venir.

«Je pense que la reprise va revenir très très vite une fois que l'épidémie sera terminée», confirme Jean-François Rial, le PDG de Voyageurs du Monde. À long terme, la croissance des métropoles, qui représentent déjà 60% du trafic aérien mondial, devrait aussi soutenir le besoin de transport.

Bref, la demande de nouveaux avions n'est pas prête de se tarir, selon les constructeurs. Boeing est d'ailleurs sur la même ligne qu'Airbus, et anticipe pas moins de 43.000 nouveaux avions nécessaires d'ici 2040.

Le seul caillou qui pourrait entraver les belles prévisions d'Airbus est celui… de la pénurie de main-d'œuvre. Le groupe a annoncé en 2020 plus de 15.000 suppressions d'emplois, et les sous-traitants ont eux aussi massivement licencié.

Selon le Gifas, le groupement des industries françaises aéronautiques, le secteur a perdu 8.000 emplois en 2020, notamment dans les PME. Ces salariés vont-il revenir à leur poste lors la reprise? Rien n'est moins sûr.

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