C'était le but recherché: les sanctions économiques et commerciales qui ont suivi l'invasion de l'Ukraine mettent à mal le secteur aérospatial russe. Mais l'ancienne puissance soviétique n'est pas du genre à se laisser faire et tient surtout beaucoup à son secteur industriel. Selon Interesting Engineering, le pays a décidé de construire 1.000 nouveaux avions d'ici à 2030, et ceci uniquement à l'aide de pièces locales.
Cette décision va dans le sens d'une volonté russe d'indépendance vis-à-vis des avionneurs étrangers tels que Boeing ou Airbus, ce qui ne présage pas une amélioration des relations entre le régime et l'Occident. De fait, les deux géants de l'aéronautique détiennent 95% du marché aérospatial du pays.
Sous le coup des sanctions, la Russie avait passé plusieurs lois en vitesse en mars 2020, permettant à ces avions de voler et d'obtenir des certificats localement.
Seulement voilà: ces derniers commencent à s'user et les pièces nécessaires à les entretenir pour qu'ils puissent continuer à opérer en toute sécurité ne seront pas vendues par les deux entreprises. Il faut donc désormais à Poutine et à son gouvernement un plan à plus long terme compte tenu de l'enlisement du conflit.
Autosuffisance
En 2007, l'industrie aérospatiale russe a été redynamisée par la création de Rostec, entreprise nationale de fabrication d'avions civils. C'est à cette dernière que revient aujourd'hui la tâche de répondre à tous les besoins de l'industrie.
Rostec a déclaré à Reuters qu'elle commencerait d'ailleurs par le remplacement des pièces importées, telles que les moteurs Pratt & Whitney, sur ses avions moyen-courriers Irkout MS-21.
Au programme également : la construction de 20 nouveaux Superjet-NEW, le modèle de jet régional de l'entreprise, d'ici à 2024. Et d'ici à 2030: 124 Superjet-NEW, 270 MS-21, 70 turbopropulseurs Il-114, 70 avions moyen-courriers Tu-214 ainsi que 12 gros-porteurs II-96.
Autant dire qu'il s'agit d'un projet au moins aussi monstrueusement ambitieux que ceux du dirigeant russe pour l'Ukraine.