Vingt-deux millions de tonnes exportées chaque année pour une valeur totale de 2,4 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros), 80% de la production nationale du Mexique, leader en la matière, 40.000 fermes, 16.800 emplois fixes et 70.000 emplois intérimaires: pour l'État de Michoacán, l'avocat est un cœur économique.
Mais ce fruit très convoité, dont la consommation en Europe a cru de 65% entre 2016 et 2018, est dans le même temps devenu une malédiction pour la région, comme l'explique notamment El País.
Si la déforestation souvent sauvage de la zone, pour faire place nette à la culture du persea americana, est une source légitime d'inquiétude, c'est surtout l'attirance renouvelée des quatres principaux cartels du pays pour ce juteux business qui inquiète autorités et habitant·es.
Héroïne verte
La Fiscalía General del Estado (FGE) a établi que le cartel Jalisco Nueva Generación, la Nueva Familia Michoacana et son bras armé Los Viagras, le cartel de Tepalcatepec et celui de Zicuirán avaient transformé le Michoacán en «capitale mexicaine de la violence».
Extorsions mensuelles, dont les montants dépendent des surfaces cultivées et dont les manquements sont parfois punis de mort, vols pouvant aller jusqu'à quatre camions par jour ou règlements de comptes se transformant en tueries de masse sont désormais le quotidien des personnes qui vivent dans de la région.
Si ces trafics et violences autour de l'avocat ne sont pas nouvelles, les autorités notent qu'ils sont à l'origine, ces derniers mois, d'un net regain de brutalité. Comme son voisin du Guerrero, l'État de Michoacán fut autrefois élu par les cartels mexicains comme l'un de leurs principaux pourvoyeurs en héroïne.
Il fait face à la dégringolade accélérée du cours du pavot, notamment en raison de la hausse de la production d'opioïdes de synthèse. Dans le même temps, le prix de l'avocat a explosé: c'est ainsi que cet or vert a trouvé une place centrale dans les économies crapuleuses du crime organisé local.