L'annonce a fait l'effet d'une bombe sur la planète foot. Dimanche 18 avril, douze des clubs européens les plus riches ont fait part de leur projet de créer une compétition à part, la Super League, dont ils seraient tous membres permanents.
Le but affiché, et décrié par nombre de supporters et de chefs d'État, est de permettre à ces clubs stars de pouvoir s'affronter plus souvent sans avoir à passer par des matchs contre des équipes moins prestigieuses, donc moins rémunérateurs. Car comme souvent dans le football, l'argent est le nerf de la guerre.
Et une guerre ouverte contre l'UEFA, qui organise la Ligue des champions (C1), compétition reine à laquelle la Super League fait directement concurrence et véritable institution du sport le plus populaire au monde, ne sera pas une guerre bon marché.
Même du haut de leurs fortunes, les douze vont avoir besoin d'un soutien financier conséquent. Pour les épauler, la banque américaine JPMorgan a accepté d'investir 3,5 milliards d'euros. Une somme qui, après des dépenses additionnelles, devrait s'élever à 4 milliards selon une source interne de Bloomberg.
D'après Bloomberg toujours, l'un des arguments clés en faveur de JPMorgan est que chaque club a accepté de s'engager pour un nombre d'années minimum fixé à l'avance. La banque récoltera des intérêts de 2 à 3% étalés sur vingt-trois ans. La possibilité de s'impliquer dans la Super League devrait par la suite être ouverte aux investisseurs, lorsque le projet sera plus avancé.
Les clubs dissidents ne sont toutefois pas les seuls à opérer de grandes manœuvres financières. En coulisse, l'UEFA s'agite aussi.
L'UEFA n'a pas dit son dernier mot
L'organisation européenne va à partir de 2024 réformer le fonctionnement de la C1, afin d'adopter un modèle plus lucratif et supposément plus ouvert aux petits clubs. Pour financer cette opération prévue de longue date, elle est en discussion avec la société de placement Centricus Asset Management, qui devait initialement investir 4,2 milliards d'euros.
Sauf qu'avec les annonces de la Super League, l'UEFA doit non seulement réformer sa compétition, mais aussi se battre contre ses nouveaux concurrents. Cela va représenter un coût considérable.
Le plan de financement de Centricus devrait donc, s'il aboutit, avoisiner les 6 milliards d'euros. En plus des fans et des propriétaires de clubs, les banquiers vont ainsi s'ajouter à la liste des personnes auxquelles on peut prédire un sommeil agité ces prochains mois.