Dennis Muilenburg, PDG de Boeing jusqu'à fin décembre 2019 lorsque le board de la compagnie s'est finalement décidé à se passer de ses services, part la tête basse mais les poches pleines.
Certes, il ne bénéficiera pas d'indemnités de licenciement et Boeing l'a poussé à abandonner une partie des stock options et bonus auxquels il aurait pu prétendre –Bloomberg parle d'une somme de 31 millions de dollars [27,8 millions d'euros].
Pourtant, l'Américain a contractuellement droit à un joli pactole: entre les stock options déjà acquises, son programme de retraite et ses salaires différés, il pourrait potentiellement toucher plus de 80 millions de dollars [72 millions d'euros] de la part de l'entreprise qui le met à la porte.
Cette somme est à mettre en rapport avec celle que Boeing a provisionnée pour les familles et proches des 346 victimes des deux crashs de son 737 Max: celle-ci est de 50 millions de dollars [45 millions d'euros].
«Dennis reçoit ce que son conrtrat prévoit», a expliqué Boeing dans un communiqué officiel, un peu sèchement et sans doute gênée au entournures par de telles obligations légales. «Nous remercions Dennis pour ses près de trente-cinq années de services», ajoute l'avionneur.
Bilan désastreux
Le bilan de l'ex-PDG déchu est pourtant catastrophique. Patron depuis 2015, Muilenburg n'est pas directement responsable de chacun des scandales qui émergent, semaine après semaine, à propos du 737 MAX.
Mais c'est sous sa direction qu'ont été révélées les aberrations dans la conception de l'aeronef, la manière dont la firme a joué avec les largesses du régulateur américain, avec l'insuffisante formation des pilotes. Ou celle dont elle a couvert des «échanges internes effrayants» à propos de l'avion maudit. «Confieriez-vous votre famille à un 737 MAX entraîné par simulateur?», demandait ainsi un·e employé·e de la firme à l'un·e de ses collègues –la réponse fut «non.»
Le 737 MAX toujours interdit de vol et révélant de nouveaux défauts à chaque nouvelle inspection étroite, l'image de Boeing a été durablement ternie par ces crashs et par le scandale industriel, managérial et humain qu'ils ont révélé. Quant à sa valorisation boursière, elle a depuis le début de la crise perdu 50 milliards de dollars.