Ministre de la Mer en France, chargée de gérer l'embrouillamini de la pêche dans le cadre des accords post-Brexit, Annick Girardin est furieuse de leur application par le Royaume-Uni, et l'a fait bruyamment savoir.
La Malouine de naissance a ainsi menacé de couper la fourniture d'électricité à l'île anglo-normande de Jersey, dépendance de la Couronne britannique.
Son ire a été provoquée par la découverte de l'émission par le gouvernement de Sa Majesté de quarante-et-une licences de pêche à des navires français.
Ces autorisations, explique-t-elle, ont été données de manière unilatérale, hors de toute négociation, et ont été assorties d'exigences sortant du cadre prévu par les accords post-Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.
Les petits poissons
«Ces nouvelles conditions sont nulles et non avenues», a expliqué la Ministre lors d'une séance de questions à l'Assemblée nationale, précisant que ne pas réagir face à une telle violation pouvait ouvrir la porte à d'autres abus de la part du gouvernement britannique.
Nous sommes aux côtés des pêcheurs 🇫🇷 dépendant d'un accès aux eaux britanniques. Nos voisins imposent des critères n'appartenant pas à l'accord post-#Brexit. Le droit est formel, les conventions doivent être respectées. Nous veillerons à ce que l'accord signé fin 2020 le soit. pic.twitter.com/vVoEW6duO3
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) May 4, 2021
«Vous le savez, dans ces accords, il y a des mesures de rétorsion et ces mesures de rétorsion, nous sommes prêts à les utiliser, a-t-elle poursuivi. En ce qui concerne Jersey, je rappellerai le transport d'électricité par câble sous-marin.» Difficile d'imaginer menace plus apocalyptique pour une île qui, à 90%, dépend de la fourniture française.
L'accès à la «zone des 6-12 milles» britannique, soit la très poissonneuse bande côtière où les pêcheurs français et leurs homologues britanniques ont depuis longtemps pris l'habitude de croiser le fer, reste un point d'achoppement majeur entre l'Hexagone et le Royaume-Uni.
Comme le note l'AFP, les licences tardent à être accordées et les deux côtés du Channel n'ont pas encore réussi à se mettre d'accord sur des quotas de pêche pour 2021, pourtant entamée depuis plus de quatre mois déjà.
Quelques jours avant l'ultimatum brandi par la ministre de la Mer, le secrétaire d'État aux Affaires européennes Clément Beaune, avait déjà menacé Londres de s'en prendre au nerf de sa guerre, les services financiers, si le Royaume-Uni ne tenait pas ses engagements sur une question de la pêche qui, de l'autre côté de la Manche, fait également nombre de mécontents.