Le capitalisme à visage humain existe-t-il? | Sabine Peters via Unsplash

Le capitalisme à visage humain existe-t-il? | Sabine Peters via Unsplash

Les entreprises peuvent-elles avoir d'autres objectifs que leur profit?

Un important lobby de multinationales a annoncé que la recherche de profit ne serait plus leur unique but.

Coup de tonnerre dans le capitalisme: 181 PDG des plus importantes entreprises des États-Unis, dont la banque JP Morgan Chase, IBM et Johnson & Johnson ont signé un document affirmant que la recherche de profit n'était plus leur seule priorité.

Ce document provient de la Business Roundtable, un puissant lobby libéral, qui œuvre en faveur des plus grandes entreprises américaines. Leur texte explique qu'en plus de «générer du capital à long terme pour nos actionnaires», les signataires s'engagent à «aider les communautés dans lesquelles [ils] travaillent» ainsi qu'à «investir dans leurs employés».

En d'autres termes, les entreprises promettent de jouer un rôle dans l'amélioration de la société. Ce texte est radical puisqu'il contrevient au credo du respecté Milton Friedman, ardent défenseur du libéralisme, qui estimait en 1970 que «l'unique responsabilité sociale de l'entreprise est d'accroître ses profits».

Ce changement n'arrive pas n'importe quand. En 2018, un sondage Gallup affirmait que seul·es 45% des jeunes Américain·es voyaient le capitalisme d'un œil positif. Une chute brutale depuis 2010, lorsque 68% des 18-29 ans en avaient une image positive.

Capitalisme woke

Pour Axios, ce changement de paradigme se traduirait par la création de PDG politicien·nes. C'est-à-dire que, plutôt qu'avancer menées par leur intérêt, les entreprises prennent désormais position sur certains sujets politiques qui les desservent financièrement alors que rien ne les y oblige.

Le site prend en exemples Walmart, qui cesse les ventes de munitions de fusils d'assaut, Bank of America, qui refuse désormais de prêter aux manufactures d'armes «de type militaire» ou encore Amazon, qui a décidé d'avancer la date à laquelle elle arrêtera d'émettre du CO2 et d'élever le salaire minimum versé à ses employé·es.

Selon d'autres, l'intérêt des entreprises pour les injustices sociales n'est que la manifestation d'un «woke capital», qui se fiche éperdument de la prolifération des armes ou de la transphobie, mais a senti le vent tourner. Aborder ces sujets, pour ces firmes, permet d'esquiver les polémiques sur les réseaux sociaux et de détourner les yeux de leurs agissements moins glorieux.

En effet, les restrictions sur les armes sont effectuées alors qu'un mouvement important demande plus de contrôle. Amazon a augmenté ses salaires lors d'un mouvement social, et dans un contexte de tension sur le marché du travail qui ne lui laissait pas réellement le choix.

Les entreprises sont-elles sincèrement intéressées à participer à l'amélioration de la société ou voient-elles cela comme une manière de continuer de prospérer?

Lorsque Nike mettait Colin Kaepernik en tête d'affiche d'une campagne publicitaire, est-ce parce qu'elle voulait «aider les communautés dans lesquelles elle travaille» ou bien parce que son cœur de cible est constitué de jeunes Noir·es? Ce qui est certain, c'est que ses ventes ont augmenté de 31% dans les jours qui ont suivi.

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