Est-ce ce déficit moderne d’attention dont la science peine toujours à prouver l’existence? Est-ce une vague aux desseins purement artistiques et la volonté d’écrire des tubes plus directs, concis et adaptés aux radios? Ou bien est-ce le poids qu’ont pris les analytics, ces données liées à notre consommation sur les plateformes de streaming, au sein de l'industrie musicale?
Impossible de répondre à la question, mais le constat du journaliste Dan Kopf dans les colonnes de Quartz n'en est pas moins passionnant: de 2013 à 2018, la durée moyenne des chansons du Billboard Hot 100 [le classement américain des cent chansons de la semaine en matière de ventes, passages radios et nombre d'écoutes en streamin] est passée de 3 minutes 50 à 3 minutes 30. Depuis 2015, la part des «tubes» de moins de 2 minutes 30 a quant à elle bondi de 1% à plus de 6%.

Via Quartz / Atlas
Le streaming représentant désormais 75% des revenus de l'industrie musicale, difficile de ne pas voir dans le poids considérable pris par Spotify ou Apple Music le facteur principal de ce rabougrissement des chansons pop, qui s'est accéléré ces dernières années.
Les plateformes rémunèrent les artistes à l’écoute, quelle que soit la durée de leurs morceaux: être efficace et éventuellement offrir au public la chance d’écouter plus de titres sur une même période est un pari pouvant se révéler gagnant.
Dan Kopf note que la technologie a souvent modifié les formats de la chanson populaire. Seules deux à trois minutes de musique pouvaient tenir sur les disques lus par les phonographes originels, ce qui a modelé la musique populaire durant des décennies. L’arrivée du vinyle long play et celle du CD ont ensuite permis aux artistes d’enregistrer de plus longs morceaux. La suite s’écrit en ce moment.