Notre monde ressemble décidément de plus en plus à celui imaginé par George Orwell. Dans tout le pays, le gouvernement chinois recueille des échantillons de sang d'hommes afin de construire une carte génétique de ses quelque 700 millions de citoyens masculins, selon des informations du New York Times.
Depuis 2017, la police sillonne ainsi le territoire pour prélever des échantillons ADN, en menaçant parfois ceux qui s'y opposent de répercussions sur leur famille. Cette traque s'effectue jusque dans les écoles, où les données génétiques des jeunes garçons sont prélevées.
Pour l'heure, Pékin semble concentrer ses efforts sur les citoyens masculins pour deux raisons, précise le média américain. D'abord, ces derniers sont plus enclins à commettre des crimes; ensuite, cela permet de créer un vaste arbre généalogique pour chaque individu.
Si les autorités chinoises affirment que cette base de données servira à traquer les criminels, il existe un risque qu'elle soit utilisée comme outil de surveillance sociale voire de dissuasion, les membres d'une même famille pouvant être retrouvés grâce à l'ADN d'un seul homme.
Une telle mine d'informations viendrait s'ajouter au réseau de surveillance déployé sur le territoire, où les caméras et l'intelligence artificielle servent déjà à contrôler et noter les faits et gestes de la population. Par ailleurs, les autorités pourraient, à terme, associer les informations issues d'échantillons ADN au système de reconnaissance faciale pour créer un outil de contrôle inédit.
L'Amérique impliquée
Ce vaste projet nécessite des kits de prélèvement ADN en grande quantité. Le gouvernement se fournit en partie auprès de sociétés chinoises, mais aurait aussi conclu plusieurs contrats avec l'entreprise américaine Thermo Fisher, ajoute le HuffPost.
La société du Massachusetts, poids lourds sur le marché des équipements scientifiques avec 24 milliards de dollars de revenus par an [21,4 milliards d'euros], aurait en effet vendu des kits de test ADN dans au moins neuf comtés chinois.
Par ailleurs, Pékin se serait appuyé sur du matériel fourni par Kenneth Kidd, un généticien de l'Université Yale, pour collecter l'ADN de groupes ethniques minoritaires, dont les Ouïghours –des turcophones à majorité musulmane vivant dans le nord-ouest de la Chine.
Thermo Fisher, qui a également fourni des kits de prélèvement ADN utilisés pour contrôler ces minorités, a été fortement critiquée et accusée de favoriser la violation des droits humains en Chine. Selon le Wall Street Journal, la société américaine aurait alors décidé de ne plus vendre ses équipements aux autorités du Xinjiang, la province où résident la plupart des Ouïghours.
La Chine semble néanmoins déjà en bonne voie pour créer la plus grande base de données génétiques au monde. Elle posséderait déjà quelque 80 millions de profils.