L'industrie chinoise du cochon traverse en ce moment une grave crise, alors que des millions d'animaux sont décimés par la peste porcine africaine (PPA). Sans danger pour les êtres humains, la maladie est en revanche fatale pour les porcs, qui constituent l'une des bases de la cuisine du pays.
Le virus se répand via des contacts directs entre animaux, mais aussi par les puces ou le matériel agricole. Il n'y a pour l'instant aucun vaccin ni traitement connu. En juillet 2019, le gouvernement chinois évaluait à plus d'un million le nombre de porcs ayant succombé à la maladie ou abattus.
Ce chiffre est probablement très largement sous-estimé, la crise mettant le gouvernement central sous pression: certaines estimations parlent de la disparition d'un quart du cheptel mondial.
Profits record
L'épidémie a forcé le pays à doubler ses importations, à puiser dans ses réserves stratégiques et même à élever des cochons géants pour compenser la mort des bêtes. Les prix du porc, viande la plus consommée en Chine, ont quant à eux augmenté de 50%.
Cette hausse des prix n'est pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Alors que de petites exploitations ont dû mettre la clé sous la porte du fait de pertes trop importantes, les profits des plus grosses entreprises ont explosé.
Au troisième trimestre 2019, ceux de la Muyuan Foodstuff Company ont par exemple crû de 260% par rapport à la même période en 2018. Le PDG de l'entreprise, Qin Yinglin, a vu sa fortune quadrupler en 2019, pour atteindre 7,70 milliards d'euros: le milliardaire dont la fortune évolue le plus vite au monde est ainsi un éleveur de porcs.
Combines de gangs
Yinglin n'est pas le seul à faire son beurre sur la crise: des gangs exploitent également la situation pour s'enrichir. Les malfaiteurs répandent de fausses rumeurs sur le bétail dans leur région, pour effrayer les fermiers et racheter leurs porcs à moindre frais.
D'autres bandes déplacent ensuite les porcs jusqu'à des provinces où les prix sont plus hauts, afin d'augmenter leur plus-value –une pratique totalement interdite, puisque le gouvernement interdit le transport de bêtes dans l'espoir de limiter l'épidémie.
Certains gangs achemineraient ainsi jusqu'à 4.000 cochons par jour. Dans la province du Yunnan, la police a intercepté 10.000 animaux, dont certains malades, destinés à être revendus ailleurs.