«Les nouvelles routes de la soie», initiative aussi appelée «la ceinture et la route» depuis 2017, est le plus grand projet d'investissement en infrastructures de la planète.
Porté par le gouvernement de Xi Jinping depuis 2013, il a pour objectif de construire une titanesque boucle commerciale, incluant ports, routes, voix de chemin de fer et autres infrastructures, allant de la Chine à l'Europe en passant par l'Afrique, l'Asie du Sud et l'Asie centrale.
Pour mener à bien ce projet, la Chine aurait dépensé plus de 838 milliards de dollars depuis 2013 afin de financer des projets colossaux dans le monde entier. Seulement, d'après le Financial Times, nombre des prêts accordés par Pékin sont en train de pourrir sur pied.
Selon des données de l'entreprise d'analyse économique Rhodium Group, dévoilées par le quotidien économique britannique, ce sont l'équivalent de 52 milliards de dollars de prêts qui ont dû être renégociés en 2020, contre seulement 16 milliards les deux années précédentes.
«Jamais la pression liée à la dette n'a été aussi forte depuis le début de l'initiative, estime Matthew Mingey, un analyste du Rhodium Group, interrogé par le Financial Times. La pandémie de Covid-19 a pris tous les problèmes existants et les a surboostés.»
D'autant qu'en plus des réductions d'intérêts, des échéances repoussées ou des renoncements de créances contenus dans ces renégociations, la Chine a accordé de nombreux prêts de secours aux gouvernements étrangers endettés, afin d'éviter le défaut de paiement. Seulement, pour nombre d'entre eux, Pékin pourrait faire face à une crise non pas de liquidités, mais de solvabilité.
Future crise de la dette?
Des centaines de projets financés par la Chine ont été mêlés à des affaires de corruption et l'utilité économique réelle de beaucoup d'entre eux est remise en cause.
Récemment, un parlementaire de l'opposition sri-lankaise, pays en proie à une grave crise économique, déplorait ainsi, face à l'Assemblée, l'utilisation des prêts chinois. «Ports, aéroports, stades de crickets, toutes sortes de tours aux airs stupides… que des conneries», s'emportait-il.
«Il y a une réel danger que la prochaine crise de la dette des pays du Sud découle des prêts internationaux chinois», estimait quant à lui le chancelier allemand Olaf Scholz en mai 2022.
En Zambie, par exemple, un barrage électrique géant, deux aéroports, une voix de chemin de fer vers la Tanzanie, deux stades et un hôpital font partie des projets chinois. Or, le pays est entré en défaut de paiement en 2020. Sur ses 17 milliards de dollars de dette extérieure, 6 milliards sont détenus par la Chine.
Tout cela, additionné à la fonte des réserves chinoises de devises étrangères –passées de 4.000 milliards de dollars en 2014 à 3.000 milliards aujourd'hui–, devrait amener Pékin à repenser en profondeur ses «nouvelles routes de la soie». Et, sans doute, à fermer les vannes de l'investissement sans compter.