Elles sont la clé de voute de la logistique du commerce international: les palettes en bois réutilisables sont indispensables au transport de tous types de marchandises. Seulement, elles posent aujourd'hui un immense casse-tête aux autorités britanniques.
Afin de s'assurer que le bois dont elles sont faites ne soit pas chargé de bactéries ou d'insectes, toutes les palettes qui entrent dans l'Union européenne doivent être conformes à la norme internationale pour les mesures phytosanitaires n°15 (NIMP15), qui impose de les chauffer au préalable à 56°C pendant trente minutes.
Les pays de l'UE ne craignant pas de contamination entre eux, les échanges intra-communautaires n'ont pas besoin de se plier à la norme. Jusqu'ici, les 100 millions de palettes échangées chaque année entre le Royaume-Uni et les États membres n'avaient donc pas à la respecter.
Lorsque le Brexit sera devenu effectif au 1er janvier 2021, la norme devrait néanmoins commencer à s'appliquer et, sauf accord particulier, les palettes actuellement utilisées ne pourront vraisemblablement ni entrer, ni sortir de Grande-Bretagne.
Délai intenable
La situation inquiète John Dye, le président de la Timber Packaging and Pallet Confederation (TIMCON). Dans une lettre adressée au département de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales (DEFRA) le 7 juin, Dye avertit que le pays n'a simplement pas assez de palettes aux normes pour tenir la cadence. Il estime qu'il est «plus qu'improbable que la date du 1er janvier 2021 soit tenue».
Si le Royaume-Uni et l'Union européenne ont développé l'installation de fours adaptés au traitement des palettes, la propagation du Covid-19 sur le continent a de fait considérablement ralenti ces efforts.
De son côté, le DEFRA assure qu'il «travaille étroitement avec l'industrie pour assurer un stock suffisant de palettes aux normes à temps pour début janvier», sans pour autant apporter de garanties.
Cette crise des palettes illustre bien la myriade de problèmes techniques inattendus que continue de poser le Brexit, plus de quatre ans après le résultat du référendum au Royaume-Uni.
Alors qu'un accord commercial semble toujours très incertain, John Dye dénonce l'attitude de Bruxelles comme de l'exécutif britannique: «Nous sommes très déçus que le gouvernement n'ait pas demandé d'extension pour couvrir les six mois que nous avons perdus [à cause du Covid-19]. […] C'est frustrant quand les politiciens jouent avec les entreprises de leurs citoyens.»