Alors que les marchés financiers sont exposés à une grande incertitude, et globalement à la baisse, il ne semble pas que la période soit idéale pour commencer à investir en bourse. Pourtant, depuis le début de la crise, les boursicoteurs novices débarquent en masse sur les places financières.
Une étude du cabinet d'analyse App Annie estime que l'appli de fintech Robinhood a enregistré une croissance de son utilisation de 55% entre fin 2019 et mi-avril. Robinhood est une application de courtage disponible uniquement sur mobile et qui permet de boursicoter sans frais –du moins quand elle ne bugge pas comme une machine à sous ou qu'elle ne plante pas en pleine dégringolade de Wall Street.
Une entreprise similaire, TD Ameritrade, affirme que 608.000 personnes ont créé un compte lors du premier trimestre, et qu'elle a enregistré trois fois plus d'utilisateurs et utilisatrices en mars 2020 qu'en mars 2019. Les app de trading Schwab, Fidelity et E*Trade ont aussi signalé avoir battu des records.
Conséquence du confinement
Il semblerait que cette soudaine hausse soit une conséquence du confinement. La facilité d'acheter et de vendre des actions sans avoir à payer de commission, une augmentation soudaine du temps libre et des marchés à la baisse sont autant d'arguments pour se lancer dans le trading.
Certain soulignent aussi qu'avec la fermeture des casinos et la suspension des événements sportifs, la bourse est l'un des seuls moyens encore disponibles pour jouer de l'argent.
Robinhood vise en premier lieu les jeunes et les personnes n'ayant jamais investi en bourse auparavant, bien que les investisseurs individuels de ce type ont rarement beaucoup de succès sur les marchés, incapables d'investir suffisamment et de tenir leurs positions sur le long terme.
Le calcul de beaucoup de ces jeunes traders novices est classique: un marché en crise permet d'acheter sans trop casser sa tirelire, grâce à des actions bon marché. Une fois la crise passée, le cours des actions achetées à vil prix remonteront petit à petit, et viendra alors le temps des bénéfices.
Si la perspective d'arrondir ses fins de mois à la bourse en ces temps difficiles peut être séduisante, il faut toutefois faire attention. Car si en temps normal, il est vrai qu'une baisse précède souvent une remontée –pendant une crise sérieuse comme celle qui s'amorce, elles peuvent néanmoins être le premier signe d'une faillite généralisée des marchés. Si tel est le cas, les boursicoteurs amateurs perdront tout.