Les fake news ou infox trustent les attentions médiatiques. Mais il est un domaine dans lequel le fake peut également faire quelques dégâts, ou du moins créer des déceptions: le commerce en ligne.
L'association britannique de défense des consommateurs Which? (à ne surtout pas confondre avec Wish, sans doute sa Némésis) a de nouveau souligné le problème qu'Amazon rencontre avec les avis de sa clientèle –ou plutôt de sa fausse clientèle.
Noté 5 sur 5, reçu 1 sur 5
Comme l'explique le Guardian, les têtes chercheuses de l'association se sont penchées sur des centaines de produits, répartis dans quatorze catégories populaires: casques audio, caméras de tableau de bord, montres connectées, etc.
Elles ont découvert des dizaines de marques totalement obscures, dont les produits sont très favorablement notés dans des avis non vérifiés à cinq étoiles: une manière de faire artificiellement remonter les objets dans les listings, et accessoirement de tromper des prospects hypnotisés par une telle promesse de qualité.
Dans l'exemple des casques audio, la première page du listing présenté par Amazon lors d'un classement par note moyenne de la clientèle ne montrait que des produits de ces marques dont à peu près personne n'a jamais entendu parler –mis à part le personnel qui en fabrique les produits dans de lointaines usines asiatiques.
Sur les 12.000 avis cumulés, 9 sur 10 provenaient de client·es non vérifié·es et 71% des écouteurs affichaient d'une note immaculée de 5 sur 5. Comme par miracle, une paire a même reçu 439 fois la note de 5 étoiles en une seule journée.
Pratique complexe à endiguer
Tommy Noonan, qui s'occupe du sujet pour la firme spécialisée ReviewMeta, a confirmé à Forbes que le problème était réel. Selon lui, 99,6% des 1,8 million d'avis non vérifiés reçus par la plateforme en mars 2019 étaient des avis 5 étoiles.
Sur les deux années précédentes, la moyenne était de 300.000 avis non vérifiés par mois. Parmi eux, 75% accordaient aux produits jugés la note maximale. Une telle progression semble indiquer que le hacking dont sont victimes à la fois Amazon et sa clientèle, potentiellement trompée dans son choix avant achat, est devenue une pratique massive.
Le même Noonan fait remarquer qu'Amazon est consciente du problème, et qu'elle emploie un ensemble d'êtres humains et d'algorithmes pour tenter de détecter ces fake reviews. Les responsables reçoivent une sanction et leurs produits sont retirés de la vente.
Les moyens semblent en revanche trop limités pour éradiquer totalement le fléau. À moins que cela ne soit le processus de notation mis en place par la firme qui, dans son essence, rend possible toutes ces distortions malvenues.