Même s'il ne rechigne pas sur un reste de hachis parmentier, votre chien Youki préférera toujours ses croquettes poulet-betterave-maïs. Votre chat Gribouille ronronne quant à lui de plaisir devant son pâté de foie de porc.
C'est un fait: la plupart des animaux de compagnie préfèrent des croquette industrielles aux bons petits plats maison. Et ce n'est pas un hasard, car les fabricants déploient des trésors d'inventivité pour les rendre accros, comme le raconte une enquête de la BBC.
«Toutes les grandes compagnies de petfood ont des services entiers qui planchent sur les ingrédients spéciaux ayant pour but de rendre la nourriture attractive», confie Darren Logan, qui dirige la recherche au Waltham Petcare Science Institute, appartenant au groupe Mars Petcare.
À la base, la plupart des aliments pour animaux sont composés d'une mixture de céréales, de viande et de gras, additionnée de vitamines, de minéraux et de divers additifs.
Certains contiennent en plus des ingrédients spécifiques comme des probiotiques, des anti-parasites, ou même des algues censées prévenir l'apparition du tartre et de la mauvaise haleine. Cette mixture est ensuite déshydratée et extrudée pour former des croquettes, finalement aspergées d'arômes.
Cadavres exquis
Contrairement aux humains, qui ont de nombreux récepteurs gustatifs, l'attractivité de la nourriture chez les animaux passe essentiellement par l'odorat, beaucoup plus développé chez nos amis à quatre pattes.
Et les odeurs qu'ils affectionnent sont souvent en totale opposition avec nos propres goûts. «Les chiens mangent même les excréments», rappelle Darren Logan. «La difficulté pour les fabricants est qu'ils doivent rendre l'odeur de la nourriture suffisamment attractive aux yeux de l'animal mais pas trop dégoûtante non plus, sans quoi le propriétaire ne va pas l'acheter.»
La putrescine et la cadavérique, deux composés qui se forment naturellement par décomposition des protéines et qui exhalent un parfum de chair pourrie, sont ainsi très utilisées. Récemment, une étude a identifié neuf composés associés à l'appétence de la nourriture pour chiens, dont l'heptanal, le nonanal ou l'octanal, qui ont plutôt une odeur fruitée.
L'appétence des chats serait très similaire à la cuisine japonaise et asiatique, explique Darren Logan. Avec une préférence particulière pour l'umami et le kokumi, une sorte de sixième goût qui donne à la nourriture une certaine épaisseur et que l'on trouve notamment dans les aliments réchauffés, les fruits de mer, la sauce soja, la pâte de crevettes ou la bière.
En revanche, les animaux n'ont aucune appétence pour les goûts sucrés comme nous. Le chocolat est même connu pour être un poison pour les chiens.
Le problème, c'est que les aliments sont maintenant tellement bons que l'on aboutit comme pour les humains à une surconsommation et une épidémie d'obésité. Selon une étude menée par les fabricants eux-mêmes auprès des vétérinaires, 51% de chiens, 44% des chats et 29% de petits mammifères domestiques sont en surpoids.
Mais pour Darren Logan, les véritables responsables de cette épidémie sont les propriétaires, qui succombent trop facilement aux regards implorants de leur animal. «Les chats n'ouvrent pas eux-mêmes leurs paquets de croquettes», ironise-t-il.