L'économie nord-coréenne a «massivement sous-performé» ces cinq dernières années, constituant autant de «leçons douloureuses», a déclaré de façon surprenante Kim Jong-un, lors du huitième congrès du Parti (unique) du travail de Corée. En réalité, ce n'est pas inédit.
Depuis son arrivée au pouvoir, le leader nord-coréen a pris l'habitude de reconnaître publiquement certains échecs. En octobre dernier, il avait même fondu en larmes en présentant ses excuses au peuple nord-coréen, pour n'avoir pas été à la hauteur de leurs attentes (mais accusant au passage le Covid-19 et les sanctions américaines).
Toutefois, il n'a pas annoncé de changement de cap dans la politique intérieure ou extérieure. Selon le leader, la «solution la plus rapide et la plus sûre» aux problèmes économiques serait le «renforcement de notre propre puissance autonome par tous les moyens possibles». Le prochain plan quinquennal, bientôt dévoilé, devrait en dire davantage.
Lors de ce congrès, Kim Jong-un n'a pas donné que dans l'autocritique: il a salué les «miraculeuses victoires» du pays et sa capacité à organiser un congrès du Parti dans un contexte de pandémie, avec 7.000 participants (non masqués). C'est le deuxième en quarante ans, rappelle le Washington Post, les précédents ayant eu lieu en 2016 et... en 1980.
Sortir de l'ornière
En 2020, après la fermeture de ses frontières pour se protéger du Covid-19, les échanges entre la Corée du Nord et la Chine –son principal partenaire commercial– ont diminué de 75%. Les prix de denrées de base, comme le sucre, ont fortement augmenté alors que des inondations ont provoqué une baisse de 10% dans les récoltes de riz.
Selon Lim Eul-Chul, chercheur spécialiste de l'économie nord-coréenne, certains indices laissent néanmoins penser que des réformes économiques pourraient être mises en place. Ainsi, Kim Jong-un a déclaré dans son discours que des fonctionnaires avaient été envoyés dans tout le pays pour rencontrer les membres du Parti, les agriculteurs et les travailleurs.
Cela pourrait indiquer une volonté du leader nord-coréen, conscient des graves problèmes économiques, de mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain pour concevoir une politique plus adaptée.
Depuis la fin de l'URSS et les famines des années 1990, la Corée du Nord est déjà passée, contrainte et forcée, d'une économie dirigée à une économie mixte.