2020 était bien partie pour être une année historique en matière de réduction de l'utilisation de plastique à usage unique. En France, plusieurs produits de ce type ont été interdits, tout comme à New York. L'Angleterre les rejoindra en avril.
C'était sans compter sur l'épidémie de Covid-19. Convoité au sein des hôpitaux et dans l'industrie alimentaire, le plastique à usage unique connaît un regain de demande.
Selon les analystes de Bloomberg New Energy Finance (BNEF), un service de recherche spécialisé en énergies propres, l'un des produits pour lesquels la demande a le plus explosé à cause du virus, aux côtés des masques de protection, est le film plastique servant à emballer les aliments.
Il semblerait que les planètes soient alignées pour une explosion de la production: du fait de la guerre des prix engagée entre l'Arabie saoudite et la Russie, le cours du pétrole, ingrédient nécessaire à la fabrication du plastique, a considérablement baissé.
Argument pour le lobby du plastique
La crise fournit un argument en or pour l'industrie du plastique, qui se vante depuis longtemps de constituer un avantage non négligeable pour la médecine. Les gants, seringues, cathéters et stylos à insuline notamment ont contribué à diminuer drastiquement les risques d'infection, en permettant de se passer de la stérilisation parfois compliquée des instruments utilisés.
Les lobbies n'ont pas tardé à capitaliser sur la situation. Le 28 février, Tony Radoszewski, le président de la Plastics Industry Association, a déclaré dans un communiqué que «le plastique a été le matériau de choix de la médecine pendant des décennies, nous vivons en meilleure santé, plus longtemps et mieux grâce à lui. [...] Nos produits sont en première ligne pour combattre la propagation du virus.»
Tout cela inquiète certain·es militant·es écologistes, qui craignent que la crise ne redore le blason d'un produit extrêmement polluant, tant lors de sa fabrication que par les monceaux de déchets qu'il génère après son utilisation.
L'augmentation de la production causée par la pandémie de Covid-19 pourrait n'être que temporaire. D'après BNEF, «à long terme, ce pic n'aura probablement pas d'influence importante sur la demande ou sur les objectifs de développement durable».