La pandémie de Covid-19 a ébranlé les politiques budgétaires autour du monde. Les gouvernements ont mis leurs soucis d'austérité entre parenthèses et dépensé sans compter, afin de soutenir leurs économies et lutter contre la propagation du virus. Et ce, jusqu'à atteindre des déficits records.
Les partisans de l'orthodoxie financière s'inquiètent donc des risques d'inflation, qui peut être provoquée par un choc de demande causé par les dépenses publiques.
Certains s'inquiètent particulièrement de la situation des États-Unis, qui ont fait le choix de payer les ménages directement. Après un premier chèque de 1.200 dollars envoyé aux américains en avril, le gouvernement devrait, dans les prochains mois, envoyer une seconde vague de paiement dont le montant reste à déterminer.
En Europe comme aux États-Unis, rien ne permet d'indiquer que l'inflation soit hors de contrôle. Pourtant, pour la première fois depuis des années, les marchés financiers parient massivement sur sa hausse.
Leur logique est qu'une partie de ces plans de sauvetage arrive directement dans les mains des particuliers et des entreprises, et que ces innombrables milliards finiront tôt ou tard par inonder l'économie.
Les vaccins étant petit à petit déployés, les financiers parient que les consommateurs seront débarrassés de leurs incertitudes et arrêteront d'épargner, ce qui fera remonter la consommation en flèche.
Pas une guerre
Seulement, le chômage a fortement augmenté et lorsque les aides se tariront, les faillites risquent de s'enchaîner. Même une reprise partielle de la «vie normale» ne signifie pas que celles et ceux ayant pu épargner iront tout dépenser immédiatement. Les plus précaires n'ont, pour beaucoup, pas pu épargner tout court ou se retrouvent fortement endettés.
Bloomberg souligne aussi que bien que nos gouvernements raffolent des métaphores guerrières pour qualifier la lutte contre le Covid, une pandémie n'est pas une guerre.
Les guerres sont souvent source d'inflation: elles mobilisent, voire détruisent, les chaînes de production et les infrastructures, ce qui met sous pression la production à destination des civils et fait monter les prix.
Seulement, mis à part au début de la crise lorsque les entreprises ont dû s'adapter en quelques semaines, ou dans quelques secteurs précis ralentis par des événements n'ayant pas forcément trait à la pandémie, c'est globalement la consommation qui a pris un coup.
Néanmoins, si l'inflation reste pour l'instant sous contrôle, son frémissement indiquant une reprise salvatrice de l'activité, la situation est inédite et les incertitudes restent trop importantes pour savoir avec exactitude ce que l'avenir nous réserve.