Du fait de la pandémie de Covid-19, de nombreuses entreprises ont été obligées de fermer aux États-Unis. Un grand nombre d'entre elles disposent d'une assurance qui couvre les «business interruptions» (les arrêts forcés de l'activité) –on pourrait penser que cela tombe bien.
Mais cet a priori ne tient pas face au refus de la grande majorité des compagnies d'assurance de les indemniser. Cela pourrait mener, comme le prédit d'ores et déjà le Wall Street Journal, à l'«une des plus grandes batailles légales de l'histoire des assurances».
Les assureurs se défendent en argumentant que cette clause ne couvre que les dommages matériels tels que ceux qui résultent d'un incendie, par exemple. Beaucoup d'entreprises ne l'entendent néanmoins pas de cette oreille. Elles avancent que le virus ne se propage pas seulement entre les gens: il s'accroche puis survit sur les surfaces, rendant les espaces de travail dangereux et inutilisables.
Selon ces entreprises, à moins que les clauses de business interruption excluent explicitement les virus (ce que font environ la moitié d'entre elles), les compagnies d'assurance ont le devoir d'indemniser les commerces forcés à fermer.
Contraire aux fondements de l'assurance
La National Association of Insurance Commissioners, chargée de réguler le secteur, considère que cette logique est inconciliable avec le concept même d'assurance.
Théoriquement, une assurance se construit lorsque nombre d'assuré·es mutualisent leurs risques, afin que chacun·e finance les pertes des autres. Lors d'une pandémie, tout·es les assuré·es subissent des pertes simultanément, ce qui fait voler en éclats cette structuration interne.
Difficile à avaler pour les entreprises qui, après des années à payer afin de se protéger contre un arrêt brutal et inattendu, se retrouvent face à un mur. D'autant que, d'après le Wall Street Journal, l'industrie de l'assurance dispose d'environ 800 milliards de dollars [713 milliards d'euros] de «surplus» et pourrait absorber 150 milliards de pertes sans conséquence majeure pour leur trésorerie.
Les assureurs affirment de leur côté que cette imposante caisse de guerre leur est nécessaire pour prévoir les futures catastrophes naturelles.