Avec la crise sanitaire liée au coronavirus, de nombreuses personnes se sont prises d'un amour immodéré pour le vélo. Le trafic automobile ayant fortement diminué, beaucoup ont redécouvert la joie d'enfourcher leur bicyclette dans des rues quasi désertes, tout en évitant les transports en commun considérés comme de véritable nids à virus.
Cette «révolution cycliste», comme la qualifie le Financial Times, a pourtant été stoppée dans son élan par une pénurie mondiale de ce mode de transport. «On est au point où, sur les principaux marchés du monde, les ventes de vélos ont dépassé l'offre», explique Jay Townley, consultant chez Human Powered Solutions.
En France, les ventes de vélos en ligne ont augmenté de 350% au cours du mois de mai, selon les données de Foxintelligence. Dans les magasins, la demande explose également. Intersport a déclaré vendre 4.000 vélos par jour, depuis le 11 mai, date du déconfinement –deux fois et demi de plus qu'en temps normal. Quant à Décathlon, il aurait mis des «dizaines de milliers» de personnes sur listes d'attente, qui atteignent plusieurs semaines.
Selon le média britannique, personne n'y trouve vraiment son compte: les futur·es cyclistes vivent dans la frustration, et les échoppes, qui sont submergées, regrettent de ne pouvoir bénéficier pleinement de ce boom, faute de marchandises.
Pour contourner le problème, certain·es préfèrent faire réparer leur vieux vélo en profitant d'une aide de 50 euros du gouvernement. Là aussi, il faudra pourtant s'armer de patience: les ateliers sont pleins.
Dépendance aux importations
La révolution cycliste aurait pu connaître une accélération majeure, mais la dépendance des vendeurs de cycles vis-à-vis de l'industrie asiatique a enrayé cette dynamique.
Même si les vélos sont principalement assemblés en Europe, la plupart des composants et pièces détachées viennent des pays asiatiques, notamment de la Chine. Avec la pandémie, beaucoup d'usines se sont arrêtées plusieurs semaines, voire des mois, et la production de ces indispensables pièces a été fortement perturbée. Encore aujourd'hui, les chaînes d'approvisionnement tournent au ralenti.
«Les fabricants de vélos des marchés occidentaux et les deux plus grands producteurs asiatiques, la Chine et Taïwan, ont du mal à répondre à la demande croissante, car les effets de la pandémie continuent de se faire sentir», ajoute le Financial Times.