Selon les points de vue, Libra pourrait nous libérer du joug des banques ou favoriser les économies parallèle et souterraine. | Freddie Collins / Unsplash
Selon les points de vue, Libra pourrait nous libérer du joug des banques ou favoriser les économies parallèle et souterraine. | Freddie Collins / Unsplash

Libra peut-elle déstabiliser nos démocraties?

La cryptomonnaie de Facebook soulève des questions relatives à la protection du système financier mondial et des populations qui l'utilisent.

Facebook dévoilait le 18 juin son plan de lancement d’une nouvelle cryptomonnaie du nom de Libra –une devise destinée à être utilisée sur toute la planète.

Ce projet ambitieux, soutenu par des géants financiers et numériques comme Visa, Uber, Spotify ou encore Paypal, pourrait se révéler dangereux pour l’équilibre du système financier mondial et la protection des personnes qui en font usage si aucune limite n'est imposée à la société de Mark Zuckerberg, écrit Fast Company.

Pour justifier l’utilité d’une telle monnaie, l’association Libra, porteuse du projet, a souligné l’importance des frais liés aux virements bancaires internationaux, l’inefficacité des banques traditionnelles et surtout la nécessité d’offrir des services aux personnes non bancarisées à travers le monde, rapporte Wired.

La journaliste Jennifer Grygiel estime que le réseau social ne souhaite pas concurrencer le Bitcoin ou d’autres monnaies cryptées. Il viserait encore plus haut en cherchant à remplacer le système financier mondial existant par une toute nouvelle configuration, dont Libra serait le centre.

Antécédents

L’image de Facebook s'est dégradée, notamment depuis le scandale Cambridge Analytica, une société de profilage politique qui avait capté en juin 2014 les données de 50 millions de membres du réseau social sans leur consentement.

C’est précisément sur cette dérive que se sont appuyées plusieurs personnalités politiques outre-Atlantique pour s’opposer au projet. «Compte tenu du passé troublé de la société, je demande à Facebook d’accepter un moratoire sur toute avancée visant à développer une cryptomonnaie avant que le Congrès et les régulateurs ne puissent examiner ces questions et prendre des mesures», a déclaré dans un communiqué Maxine Waters, présidente du comité des services financiers de la Chambre des représentants aux États-Unis.

Le sénateur démocrate de l’Ohio Sherrod Brown, a lui aussi fustigé via Twitter les manquements de la firme en matière de protection des données. «Facebook est déjà trop grand et trop puissant et elle a utilisé ce pouvoir pour exploiter les données des utilisateurs sans protéger leur vie privée. Nous ne pouvons pas lui permettre de développer une nouvelle cryptomonnaie risquée à partir d’un compte bancaire suisse sans surveillance.»

Risques d’abus

Au-delà du passif inquiétant de Facebook, Jennifer Grygiel craint que l'entreprise puisse agir comme une banque fictive et finisse par rivaliser avec les banques centrales du monde entier. Si Libra finit par être reconnue comme une monnaie à part entière, elle échapperait à tout contrôle étatique ou démocratique.

La professeure adjointe en journalisme numérique et réseaux sociaux à l’université de Syracuse souligne qu’il sera essentiel de comprendre si cette future monnaie virtuelle fonctionnera comme un moyen de transaction anonyme ou si une forme de traçabilité restera possible.

Dans le premier cas les risques d’utilisation abusive pourraient être nombreux. Comme d'autres cryptomonnaies mais à bien plus grande échelle avec le terrain que lui ouvrira Facebook, Libra pourrait notamment devenir un support idéal pour le blanchiment d’argent.

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