En 2013, une journaliste économique pour Forbes dépensait dans un restaurant japonais l'équivalent de mille dollars en bitcoin, une cryptomonnaie alors peu connue, inventée par un certain Satoshi Nakamoto et dopée par les dépenses illégales sur le dark web. Les dix bitcoins dépensés ce soir-là valent aujourd'hui plus de 200.000 dollars.
À l'heure de la rédaction de cet article, un bitcoin vaut 22.738 dollars, soit 18.599 euros. Le cap des 20.000 dollars a été franchi mercredi 16 décembre, grâce à une hausse de 5,6%. Le 15 décembre 2017, lors d'une première de ces extraordinaires grimpettes, le bitcoin avait frisé les 20.000 en atteignant un pic de 19.650 dollars, mais s'était ensuite rapidement effondré.
La situation en 2020 semble néanmoins différente. Cette fois, l'augmentation de la valeur de cette cryptomonnaie n'est pas uniquement causée par l'intérêt des spéculateurs et d'une niche de passionnés, mais aussi à celui d'investisseurs institutionnels.
Cryptorefuge
Récemment, Bloomberg rapportait que beaucoup de grands noms de Wall Street dépensent des millions de dollars pour acquérir des bitcoins. Lors du pic de 2017, ces riches investisseurs avaient pour la plupart estimé que la crypto n'était qu'une bulle avec laquelle il était préférable de garder ses distances.
Selon Bloomberg toujours, la popularité du bitcoin est en partie poussée par la crise causée par le Covid, qui fait de lui une valeur refuge. «Normalement, lors des crises, tout le monde veut du cash. Mais aujourd'hui, qui veut être riche en cash alors que les économies majeures sont en train de dévaluer leurs monnaies?», interroge Kevin Murcko, le PDG de la crypto CoinMetro.
Bloomberg et CNBC s'accordent aussi à dire que cette popularité relève du FOMO (pour «fear of missing out»), soit la peur de passer à côté d'une opportunité. En effet, Satoshi Nakamoto a, dès le départ, prévu que le bitcoin serait une monnaie finie: le nombre d'unités en circulation ne pourra jamais excéder 21 millions.
Aujourd'hui, environ 18,5 millions de bitcoins ont été minés. Alors que les réserves s'épuisent de plus en plus, les investisseurs qui y réfléchissaient depuis longtemps se décident donc à franchir le pas.