Les ressources humaines aussi profitent des algorithmes. Dans un monde de plus en plus compétitif où les candidatures peuvent arriver par centaines pour un même poste dans une grande firme, l'intelligence artificielle est désormais souvent mise à profit par les recruteurs pour effectuer un premier tri dans les curriculum vitae.
«Les responsables des ressources humaines n'ont plus à naviguer entre des centaines de CV, ils peuvent désormais se concentrer sur leur véritable expertise, celle de recruter et de placer le bon talent», explique à Fast Company Jon Christiansen, chief intelligence officer de la firme Sparks Research.
Très bien mais comment faire, alors, lorsqu'on est candidat ou candidate, pour passer cette première étape désormais pilotée par la robotique? Le secret réside dans la personnalisation des envois, selon le cofondateur de Job.com Arran Stewart. Les aspirantes et aspirants doivent désormais prendre en compte ce que l'algorithme attend d'eux, donc de ce qu'il décodera.
Le sur-mesure, désormais indispensable
«Alors que les recruteurs et responsables des ressources humaines sont capables de lire entre les lignes et de trouver un intérêt quant au poste qu'ils cherchent à pourvoir dans un savoir ou une réussite de votre parcours, l'IA se concentre sur la correspondance la plus proche possible entre vos talents et ce qu'on lui demande de détecter», explique Stewart.
Traduisez: il faut faire avec les bêtes automatismes des machines qui vous lisent. Fast Company donne alors quelques conseils aux candidates et candidats pour adapter leur CV à cette nouvelle donne.
Le premier: il faut rédiger un curriculum vitae spécifique à chaque offre, détecter dans celle-ci les mots-clés, le langage spécifique, les compétences précises, les expériences concrètes qu'un robot pourra chercher à détecter. Finies les diffusions massives de candidatures balancées en un clic à des sociétés que l'on ne connaît même pas: un sur-mesure précis et réfléchi est nécessaire pour se faire apprécier du robot.
Deuxième conseil: n'utilisez pas de termes exotiques ou d'intitulés de postes trop spécifiques pour décrire vos fonctions passées, car l'algorithme risquerait fort de ne pas les comprendre. Se référer à des listings officiels, voire à l'organigramme de l'entreprise visée peut être une bonne idée.
Troisième conseil, toujours selon Fast Company: mettez pour l'instant de côté votre folle créativité et n'utilisez que des polices classiques, quelque chose de trop exotique pourrait tout simplement ne pas être lu. Jon Christiansen ajoute que le format PDF, si pratique pourtant, peut également constituer une barrière technique pour les petits robots chargés de tirer la sève de votre curriculum vitae.
Quatrième conseil: soyez précis, concis et «récent». Ne vous fatiguez pas à inclure les vingt dernières années de votre parcours, au risque de diluer ce qui comptera réellement pour le Cerbère algorithmique –ce qui nous ramène au premier conseil.
Cinquième conseil, qui lui n'a d'ailleurs rien de très nouveau: attention à l'orthographe. Ce qui pourrait heurter l'œil et l'esprit d'un être humain pourrait tout simplement n'être pas compris du tout par son pendant machinique.
Enfin, sixième et dernier conseil dispensé par Fast Company et les deux experts interrogés: envoyez toujours également, lié au CV en question, une lettre de motivation. Car si vous passez la première étape de l'intelligence articifielle, c'est avec celle-ci que vous parlerez en humain à l'humain qu'est le recruteur ou la recruteuse. C'est donc avec celle-ci qu'il est conseillé de faire court et pragmatique (expliquez pourquoi vous êtes faits pour le job, conseille Jon Christiansen) pour le ou la charmer, avant un éventuel entretien.