Pour Tesla comme pour nombre de multinationales, la Chine est un eldorado absolu, un marché milliardaire où tout reste à faire, une nation dont les classes moyennes et supérieures, de plus en plus massives et à l'enrichissement rapide, sont des veaux d'or à conquérir.
Si jusqu'ici l'empire du Milieu était effectivement l'un des principaux moteurs mondiaux de la croissance de la firme d'Elon Musk, les choses sont peut-être en train de changer: comme le rapportent Reuters et The Information, les commandes de véhicules Tesla en mai ont chuté de près de 50% par rapport au mois précédent, passant de 18.000 voitures à 9.800.
Les marchés financiers ont bien sûr accueilli plutôt fraîchement la nouvelle: l'action du constructeur a dévissé de 5% à la suite de la publication de l'article de The Information, amplifiant un peu plus une dégringolade continue depuis le début de l'année.
Début de la fin ou fin du début?
Il serait bien sûr osé de voir en ce gadin le signe certain d'un naufrage à venir. Il serait tout autant imprudent de n'y voir qu'un épiphénomène passager: ces ventes en berne s'inscrivent dans un contexte réellement menaçant pour Tesla en Chine.
Inquiétudes sur la qualité de fabrication avec rappel de véhicules, imbroglio sécuritaire porté par Pékin autour des données enregistrées par les véhicules et leur stockage mis en doute, concurrence écrasante de la Hongguang Mini, de Nio ou peut-être bientôt d'Evergrande...
Les cahots se multiplient et certains analystes n'hésitent pas à affirmer que le gouvernement chinois, soucieux de favoriser ses champions nationaux, pourrait être proche de taper beaucoup plus fortement du poing sur la table, au point de menacer purement et simplement l'intégralité des vues de Tesla sur la Chine.
Comme l'explique Bloomberg, la «narration» autour de Tesla en Chine est en train de changer en profondeur. Alors que Crédit Suisse voyait encore il y a quelques semaines le constructeur continuer son expansion dans le pays, peut-être en y construisant une seconde usine, le discours des analystes a quelque peu changé.
La Chine pourrait cesser d'être pour Tesla un territoire de conquête et un important moteur de sa croissance présente et à venir pour n'être qu'une usine délocalisée prête à exporter dans le reste du monde –qui, lui, reste très friand des véhicules de la marque– les voitures y étant produites. Un mal pour un bien?