La chute de WeWork a été brutale. Il y a quelques mois, la start-up de location d'espaces de coworking avait le vent en poupe. Adam Neumann, son PDG, s'apprêtait à commencer son roadshow, sa présentation aux investisseurs, en vue d'une introduction en bourse (IPO) début septembre.
Seulement, les estimations de sa valeur sur les marchés financiers se sont avérées beaucoup plus basses que prévues. Ce qui a poussé l'entreprise à repousser son IPO, puis Adam Neumann à démissionner de son poste.
Tout cela a été en partie causé par le business model bancal de la start-up. WeWork loue des locaux, qu'elle sous-loue ensuite à sa clientèle. Les client·es en question disposent d'un service flexible et peuvent réduire l'espace à la superficie qui leur est nécessaire, ou simplement partir.
En revanche, WeWork a des contrats classiques avec ses propriétaires. Cela signifie qu'en cas de récession, par exemple, si ses client·es s'en vont ou demandent des locaux plus petits, l'entreprise se retrouvera avec ses bureaux sur les bras sans avoir les liquidités nécessaires pour en payer les loyers.
Éponge à immobilier
D'après Business Insider, sur les quinze prochaines années, WeWork devra à ses propriétaires la somme faramineuse de 34 milliards de dollars (31 milliards d'euros), pour des locaux concentrés dans les quartiers d'affaires, notamment à Londres et New York.
Dans les deux métropoles, ainsi qu'à Washington, WeWork est le plus gros locataire de bureaux. Fin 2018, l'entreprise affirmait occuper plus de 5,3 millions de mètres carrés dans Manhattan. Si l'entreprise s'effondrait, ce pourrait être un sérieux problème pour les marchés immobiliers.
De plus, d'après les sources de Business Insider, WeWork a, de par sa constante expansion, une influence considérable sur l'absorption nette des marchés, c'est-à-dire le rapport entre les biens immobiliers dédiés aux entreprises qui entrent sur le marché (construction, espaces libérés, etc.) et ceux qui en sortent (emménagement, destruction, travaux, etc.).
Non seulement WeWork dispose de très grandes surfaces, qui reviendraient sur le marché si l'entreprise venait à s'effondrer, mais en plus elle continue de représenter une grande partie de la demande.
En cas de chute, il y aurait donc un soudain excès d'offres par rapport aux demandes, ce qui déstabiliserait profondément le marché et ferait chuter les prix. La dernière chose que souhaitent les propriétaires.