Si vous avez essayé de louer une voiture ces derniers temps, vous avez certainement remarqué qu'il est de plus en plus difficile de trouver un créneau, y compris pour des destinations peu prisées. «Même lorsque vous avez réservé, il n'est pas rare de devoir attendre plusieurs heures avant qu'une voiture ne soit de retour», constate le Wall Street Journal. En raison de la crise du Covid, les loueurs ont liquidé leur flotte pour faire face aux échéances.
Le leader européen Europcar s'est débarrassé de 25% de sa flotte mondiale, soit 81.000 véhicules, selon son rapport financier 2020. Au quatrième trimestre 2020, Hertz comptait 51% de voitures en moins qu'un an plus tôt.
Annulation des voyages d'affaires, tourisme au point mort... L'année 2020 a vu l'activité du secteur plonger de 60% après le confinement, selon le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA). Mais à présent que la reprise se profile, les loueurs peinent à reconstituer leur flotte et souffrent d'un manque criant de visibilité.
«Notre approvisionnement en véhicules neufs est défini par des contrats à l'année que nous commençons à caler dès la fin de l'été précédent», confirme dans Les Echos Jean-Philippe Doyen, le président de Sixt France. Mais cette année, bien malin qui pourra prédire les aléas de la situation sanitaire six mois à l'avance.
Prix en hausse
Même décidés à acheter des voitures, les loueurs se trouvent confrontés au ralentissement de la fabrication automobile, due notamment à la pénurie de semi-conducteurs.
Les constructeurs rechignent aussi à fourguer des milliers de voitures à prix cassés comme ils en avaient pris l'habitude pour gonfler artificiellement leurs ventes. Aujourd'hui, priorité aux particuliers, qui commandent souvent des niveaux de finition supérieurs et génèrent des marges plus élevées.
Résultat: «Il faut s'attendre à des pénuries pendant encore un certain temps», prédit Neil Abrams, un consultant automobile dans le Wall Street Journal. Les prix risquent en plus de rester durablement élevés. «Dans le passé, les clients ont été gâtés par des prix bas et une abondance de voitures. On pouvait louer une voiture moins cher qu'un smoking», rappelle Abrams.
Aujourd'hui, il faut débourser 319 euros chez Hertz pour deux jours de location à Nantes au mois de mai avec une Renault Captur, et 821 euros pour un week-end de trois jours à Strasbourg chez Sixt avec le même véhicule.
De quoi faire le bonheur des entreprises d'autopartage. Getaround, le leader du secteur qui a racheté Drivy en 2019, a vu ses résultats doubler par rapport à la période d'avant-pandémie.