Le fonctionnement de certaines start-ups peut sembler aberrant. Nous avons ici même déjà abordé certains de leurs rouages: vous savez par exemple qu'à chaque course, vous faites perdre de l'argent à Uber, ou que la durée de vie des trottinettes en libre service est trois fois plus courte que leur seuil de rentabilité.
Récemment, un restaurateur américain s'est rendu compte d'une autre anomalie. Tout commence lorsqu'il réalise que sa pizzeria est listée sur le service de livraison DoorDash –ce qu'il n'a jamais demandé.
Placer les établissements devant le fait accompli est une technique classique pour pousser les restaurants à collaborer avec ce type de plateforme. Seulement, l'Américain constate que ses pizzas, vendues 24 dollars [22 euros] chez lui, sont proposées pour 16 dollars [moins de 15 euros] seulement sur la plateforme.
Argent gratuit
Ainsi, il lui a suffi de commander ses propres pizzas afin de réaliser une plus-value non négligeable. Dans un post de blog, un ami du restaurateur raconte qu'ils ont même seulement placé de la pâte à pizza dans les boîtes, afin de la récupérer et de réaliser un bénéfice plus important encore.
L'anecdote a déjà reçu le surnom de «pizza arbitrage». En finance, un arbitrage est une opération destinée à profiter d'un écart de prix pour le même produit. Ces écarts sont une distorsion, puisque dans un marché ouvert, un produit identique devrait avoir le même prix partout.
Seul un arbitrage permet de réparer cette distorsion. Ici, cette erreur est possible car DoorDash, comme Uber ou Bird, se finance non en gagnant de l'argent, mais en effectuant des levées de fonds régulières auprès d'investisseurs en capital-risque richissimes, en espérant un jour atteindre un monopole de fait. D'ici là, pourquoi ne pas se payer une pizza aux frais de Softbank?